Renato Boaretto, créateur d’automates né à Venise en 1942, fut élevé au titre de « Maître d’Art » en 1995 par le ministre de la Culture….

Renato est un artisan d’art reconnu et sollicité aussi bien par des collectionneurs privés d’automates que par les conservateurs et les scénographes…. Ses domaines d’activité sont extrêmement variés : restauration ou restitution de pièces rares du 18e siècle, création de scènes en mouvement pour des musées et les parcs d’attraction, réalisation d’objets précieux animés en joaillerie, collaboration avec des scénographes et des artistes contemporains (notamment, l’art cinétique), etc…
Voici un petit échantillon de ses œuvres, la marquise et l’artiste peintre….

Ou ce chouan grandeur nature qui vous attend à l’entrée du musée des automates à La Rochelle….

Renato, bien que maitre d’art, n’en reste pas moins mon frère aîné, et, de ce fait, le tonton de ma fille Florence…. Nous profitons de notre passage à Paris en ce mois de juin 2014 pour visiter son atelier…
Il faut savoir que, quand Renato conçoit, crée et réalise un automate, il fait tout, manuellement, du début jusqu’à la fin…. Alors il devient tout à tour inventeur, concepteur, mécanicien, électricien parfois, sculpteur, dessinateur, peintre, couturier, coiffeur, bijoutier, etc.…
La première chose qui m’a frappé en pénétrant dans l’atelier de cet «artiste», c’est l’impression de me trouver dans une mini-usine !…

(Je présente toutes mes excuses au préalable pour la qualité médiocre des « foto » car n’ayant pas mes appareils, j’ai tout «fotografié» avec mon petit «telefonino»)….
Je lui demandais donc de passer en revue tous ces outils, domaines mystérieux pour moi affublés de deux mains gauches totalement inaptes au travail manuel…
Premier instrument barbare, la scie à chantourner avec soufflerie servant à faire des découpes précises et délicates…

Le pantographe pour découper le métal ou le bois à une échelle différente que le modèle…

La fraiseuse… Alors là, j’ai compris que la fraiseuse ne sert pas à récolter les fraises !… C’est une machine-outil utilisée pour usiner tous types de pièces mécaniques…

Le tour à métaux…. Bon, je sais, c’est aussi une machine-outil…

D’ailleurs, il doit bien s’en servir car il a un second tour (dans son sac)…

La scie à coupe d’onglets…

Une perceuse légère…

Une perceuse à colonne…

Une deuxième perceuse à colonne, pas la même distance, pas la même puissance….

Un étau ancien, très beau…

Un autre étau, normal, plus «petit mais costaud»…

Une scie circulaire pour les pièces métalliques…

Les meules…


La scie à ruban…

Les machines à main, autres ponceuses, perceuses, visseuses, etc…

Marteaux, tenailles, pinces ou tournevis, l’embarras du choix !…

Inévitablement, les clous, chevilles, goupilles, cavaliers, poulies, etc…

Une bigorne…

Anachronique, mais s’intégrant dans le contexte, les yeux des automates…

L’occasion pour Hugo de nous faire un personnage de dessin animé, trop drôle…

Des mains, des têtes, moulées ou sculptées par Renato…

Les perruques pour les coiffer…

Les bobines de fil car il se doit aussi d’être couturier….

Les tissus pour coudre les costumes des automates….

Réserve de perles…

De petits bijoux à l’échelle des automates, fabriqués toujours par Renato, et qui seront plaqués or…

Les palettes de l’artiste….

Les pinceaux, les couteaux…

Les boites à musiques…

À l’ancienne….

Les clefs pour remonter les mécanismes….

Je vais m’arrêter là car il faudrait plusieurs «Prévert» pour faire l’inventaire exhaustif de cet atelier…
On trouve des trucs inattendus chez le grand frère, comme cet «Automate de gare» en restauration….

On mettait une pièce dans le « bastringue », ça faisait de la musique et les musiciens se bougeaient dans le rythme…

Maintenant nous rencontrons, ici et là, quelques automates inachevés ou en construction…



Celui-ci fut exposé tel quel, pour montrer le système des mécanismes au public…

J’avais oublié !… La signature du créateur d’automate se trouve en général sur la clef servant à remonter le mécanisme… Voici la clef de signature de Renato Boaretto, avec ses initiales…

Comme on peut le voir sur cet automate où il devait représenter son métier sur un mannequin…. Mannequin qui fut exposé à Chicago pour l’exposition des Grands Ateliers de France…

Toujours dans cet atelier, l’automate «Équilibriste à l’ombrelle»…

Automate à cinq mouvements… Elle se tient en équilibre sur une main….

L’autre main s’écarte et la voici à l’horizontale…

Elle se redresse encore…

Pour se retrouver à la verticale en tournant sur elle-même….

Elle tourne dans le vide quelques instants et réalise ensuite quelques exercices avec ses jambes…

Elle entame sa descente…

Passe en dessous de l’horizontale…

Pour rejoindre sa position initiale…

En retournant sur elle-même…

Et voilà, le cycle est terminé, magnifique !…

Allez, juste pour le plaisir, un dernier automate…. L’illusionniste à l’éventail…

Automate électrique à 6 mouvements…. Il cache sa tête derrière l’éventail…

Quand il retire l’éventail, la tête a disparu….

Commence alors à s’ouvrir lentement la boite magique à notre droite….

Où apparait la tête de l’illusionniste….

La boite se referme, l’éventail revient en place…

L’illusionniste écarte une nouvelle fois l’éventail…

Et sa tête est revenue…

Le scénario continue, il se cache une nouvelle fois le visage…

La tête disparait à nouveau et le bras droit de l’automate se lève….

Ainsi que le couvercle de la sphère….

D’où ressort la tête de l’illusionniste….

Ensuite, l’éventail revient, la sphère se referme, l’éventail s’écarte à nouveau pour que la tête revienne à sa bonne place….

Et l’automate nous désigne la montre qui apparait au-dessus de sa tête…. Car cet automate est un automate de vitrine conçu pour un grand horloger-joaillier suisse…. Le moteur est électrique et se déclenche avec une télécommande car l’automate était installé à l’intérieur d’un vitrage blindé….

L’illusionniste a achevé son cycle… Il a fallu 500 heures de travail à Renato pour réaliser cet automate… coût : 30500€…

Je terminerai ce reportage en vous parlant d’un autre chef-d’œuvre de mon maitre d’art de frère ; le lion de Léonard de Vinci dont Renato a fait la réplique pour le musée Léonard de Vinci au château du Clos Lucé à Amboise.….
Selon les témoignages de l’époque, le lion automate conçu par de Vinci fut présenté en 1515 à François 1er par les marchands et les banquiers de Florence installés à Lyon, pour célébrer une alliance entre la France et la cité toscane, qui avait le lion pour symbole. Grâce à un mécanisme interne, le lion avançait sur plusieurs mètres, puis le poitrail de l’animal mécanique s’ouvrait pour faire apparaître une fleur de lys, symbole de la monarchie française.
C’est exactement ce qu’a reproduit Renato, pour ce faire il a utilisé les plans des mécanismes de l’inventeur florentin… Concernant l’apparence du lion, Léonard de Vinci n’avait pas laissé de dessin, Renato Boaretto a dû se fier à une description écrite…

Renato Boaretto est aussi médaillé des « Arts Sciences et Lettres » et membre des Grands Ateliers de France –

Chapeau l’artiste !…
Claudio Boaretto