60ème RÉGATE ENTRE VENISE, GENES, AMALFI, et PISE
Posté par Claudio Boaretto le 10 juin 2015
Ce dimanche 7 juin 2015 se déroule la 60ème régate à la rame où se défient les quatre plus fameuses et antiques républiques maritimes italiennes :
La régate est une compétition sportive à évocation historique, instituée en 1955 dans le but d’évoquer les conquêtes et la rivalité des plus célèbres républiques maritimes italiennes qui dominèrent la méditerranée pendant plusieurs siècles…
Cet évènement se déroule tous les ans, à tour de rôle dans chacune des cités concernées… Donc, tous les quatre ans, elle revient à Venise…
Cette régate est précédée d’un cortège en costumes historiques…
Devant le palais des doges, sont dressées les tribunes permettant d’assister au défilé historique ainsi qu’à l’arrivée de la régate…
Au-dessus des tribunes, nous distinguons les bannières des quatre républiques…
Hormis la régate, le cortège en costumes historiques constitue le fait central de la manifestation ; à travers ce défilé, chaque république revit son glorieux passé en proposant des épisodes et des personnages qui en marquèrent l’histoire…
Ces cortèges ont même défilé occasionnellement à l’étranger, en particulier à Berlin et à New-York…
Depuis les tribunes, j’ai un emplacement de choix devant le « Ponte della Paglia » (pont en face du pont des soupirs) où passent obligatoirement le défilé…
(Un des rares endroits où les participants du cortège peuvent profiter quelques instants de l’ombre du palais ducal)…
Le défilé est ouvert par la République d’Amalfi, son cortège remémorant la grande fête du 26 avril 1002 où Sergio, le premier né du duc Giovani et de la duchesse Regale, prend pour femme la lombarde Maria, fille du prince de Capoue et de Benveneto…
Précédée de 3 rameurs, la bannière portée par le « Vissillifero » (porte-étendard) entouré de 4 pages…
Les 5 « Trombettieri » (clairons) précédent le vieux et austère Duc « Mansone 1er » aïeul de l’époux, entourés de deux juges, ses collaborateurs, suivi du consul de la mer, lui-même suivi du consul de la république…
Gros plan sur « magnificentissimus dux Mansone 1er »…
Quatre chevaliers suivis de deux « Alfieri » (porte-drapeau)…
Les époux, Sergio et Maria, suivis par les dames et les chevaliers de la cour…
Les tambours ferment le cortège d’Almafi…
(Tous ces costumes ne sont pas inventés, ils sont les répliques exactes des costumes d’époque)…
Voici venir la République de Pise, avec plus de 80 costumes dans son cortège,
(n’ayez crainte, je vous en épargnerai quelques-uns)…
L’évènement remémoré date de 1044 où « Kinzica de Sismondi », jeune fille d’une noble famille de Pise, sauve la patrie de l’invasion des sarrasins (qui par stratégie attaquaient alors toujours de nuit) en réveillant les consuls et faisant sonner à la volée les cloches pour rassembler les soldats et avertir le peuple du péril imminent…
Les sarrasins, voyant leur plan découvert et découragé par la résistance inattendue des « Pisani », prirent la fuite sur leurs vaisseaux et repartirent vers la Sardaigne d’où ils étaient venus…
Le porte-étendard, suivi des 3 rameurs et des tambours…
Le sergent et les fantassins…
Le « Podestà » de Pise (premier magistrat de la république) suivi par les sénateurs et les juges, le capitaine du peuple et les bannières…
« Kinzica de Sismondi » et les demoiselles d’honneur…
Derrière le tambour, les marins de Pise ferment le cortège…
Le cortège de la République de Genova évoque la figure célèbre de « Gugliemo Embriaco », surnommé « Caput Mallei » (tête de cochon), le grand « condottiere navale, crociato » (chef de guerre naval et croisé), fils de Guido Spinola, vicomte « del Ramo dei Manesseno »…
Il a participé avec son frère, « Primo di Castello », à la Première croisade chrétienne de 1099, faisant plusieurs expéditions dans toute la région de la Syrie, de la Palestine, du Moyen-Orient et, aux côtés de Godefroy de Bouillon, contribué de manière significative à l’assaut final du sud qui a provoqué la chute de Jérusalem…
L’étendard de Genova, suivi par « l’Alfiere bandiera », les tambours et les trompettes…
La bannière de San Giorgio avec les porteurs de masse et du « Catino » (vase reliquaire)…
Suivis par trois « Alfieri » capitaines…
Puis encore, capitaines, hommes d’armes, arbalétriers…
Et le fameux« Gugliemo Embriaco », alias « Caput Mallei » dans son costume de croisé, suivi de la noblesse génoise joliment représentée…
Le dernier cortège, la République de Venise nous remémore l’évènement historique lorsque « Caterina Cornaro », reine de Chypre, succédant à son mari « Giacomo di Lusingano », fit don de cette riche et fertile île à la République Sérénissime… Elle fut accueillie avec tous les honneurs et proclamée « Figlia prediletta di Venezia » (Fille préférée de Venise)…
En tête, la bannière de Venise suivie par les tambours, les trompettes et 8 « gonfaloni » (gonfalons ou étendards de combat)…
Les dix sénateurs de la république qui composent le fameux « Conseil des Dix » de la Sérénissime…
Le « Portacorno » qui porte le couvre-chef si particulier du doge sur un cousin de velours rouge suivi du Doge portant son « Storico Corno » (Couvre-chef historique), accompagné du « Portaombrello » et deux jeunes pages tenant la traine du manteau rouge et or du doge…
Derrière le doge, les quatre ambassadeurs orientaux ; Syrien, Persan, Égyptien et Turc, suivis des dames de la cour…
« Caterina Cornaro », la reine de Chypre…
Nous terminons ce fabuleux cortège sur la délégation chypriote, suivi du capitaine de la Mer et de ses hommes d’armes…
Maintenant place à la régate !…
C’est une régate sur « Galeoni », bateau construit en fibre de résine et ne devant pas dépasser 760 kilos… L’équipage est composé de huit athlètes rameurs et un timonier…
Parcours de la course, 2 kilomètres de Sant ’Elena au môle de San Marco…
Les « Galeoni » vont rejoindre la ligne de départ…
Le bateau rouge, Pisa…
Le bateau blanc, Genova…
Le bateau bleu, Amalfi…
Le bateau vert, Venezia…
Les bouées de la ligne d’arrivée, chaque bateau ne devant pas s’écarter de sa voie d’eau…
Sur l’écran géant, les résultats des années passées…
32 victoires pour Venise, 10 pour Amalfi, et 8 pour Gênes et Pise…
Un rapide calcul nous monte à 58 courses alors que nous sommes à la 60ème ?!…
Explication simple, en 2011 les 3 bateaux d’Amalfi, Gênes et Pise se sont écartés de leur voie d’eau et ont été disqualifiés par les juges… Venise, sportivement, a refusé d’être déclaré vainqueur suite aux erreurs de ses adversaires, la régate a donc été annulée…
Le top de départ se fait attendre, ¾ d’heure de retard, même le lion de Saint Marc s’impatiente du haut de sa colonne…
C’est parti !…
Zoom à fond, je vois les bateaux à 2 kilomètres devant les jardins de la Biennale…
1ère ligne d’eau le vert, 2ème ligne le bleu, 3ème le rouge, 4ème le blanc…
Ils se rapprochent…
Les voilà maintenant de profil, suivis par une armada d’embarcations…
Venise est distinctement en tête, suivi par Amalfi…
La ligne d’arrivée est en vue, Venise a largement distancé ses concurrents, ça hurle « Venezia !!! » depuis les tribunes, l’ambiance est au top !…
Vainqueur Venise, avec plus d’une longueur de bateau d’avance…
Deuxième Amalfi…
Troisième Genova, quatrième Pisa, au coude à coude…
Le timonier de Venise lève fièrement son « Gonfalone » en signe de victoire…
Il est temps pour nous d’aller arroser cette 33ème victoire vénitienne par quelques spritz…
Claudio Boaretto
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