LE «BOB BARKER» DE «SEA SHEPHERD» à VENISE
Posté par Claudio Boaretto le 10 février 2016
Tous les grands marins, tous les bateaux célèbres, un jour ou l’autre, font escale à Venise…
Nous le vérifions une fois encore ;
Le navire aux dents de requins, le « Bob Barker » de la flotte « Sea Shepherd », de retour des îles Féroé, est arrivé dans notre lagune pour une semaine d’escale…
Quelques infos auparavant pour ceux qui ne connaissent pas l’ONG « Sea Shepherd » et leur fameux capitaine Paul Watson…
« Bob Barker est le navire de la flotte de Sea Shepherd le plus redouté par les baleiniers japonais. Il a été un des principaux protagonistes dans six campagnes antarctiques pour la défense des baleines dans le sanctuaire baleinier de l’océan Austral et la dernière campagne pour la défense de la morue de l’Antarctique, opération « Icefish », pendant laquelle il a contraint à la reddition, après une poursuite record de 110 jours, l’infâme navire braconnier « Thunder ».
Au cours de l’été 2015, il a participé à la campagne pour défendre les baleines, l’Opération « Sleppid Grindini », dans les îles Féroé.
En dix ans de campagnes antarctiques la flotte de Sea Shepherd a sauvé la vie de plus de 5000 baleines. Les équipages à bord des navires de « Sea Shepherd » sont composés de bénévoles de partout dans le monde et risquent leur vie pour la sauvegarde du patrimoine commun de l’humanité, les océans, le fondement de notre vie sur cette planète. »
J’ai récupéré sur le Net une « foto », de gauche à droite, du capitaine « Alex Cornelissen », présent à Venise, et du capitaine « Paul Watson » le fondateur de « Sea Shepherd » …
La flotte de la « Sea Shepherd », se compose actuellement à ma connaissance de 5 bâtiments :
Le Brigitte Bardot
le Steve Irwin
Le Bob Barker
le Jules Vernes
Le Farley Mowat
Pour être clair, voici un condensé succinct de trente années de combats de ces « éco-pirates » chers aux cœurs de tous les défenseurs de la nature et des océans :
« En 1986, la Commission baleinière internationale (CBI) a promulgué un moratoire sur la chasse commerciale à la baleine. Depuis, trois pays – l’Islande, la Norvège et le Japon – ont sauvagement massacré plus de 25000 baleines sous couvert de recherche scientifique et à des fins commerciales. La CBI n’a pas le pouvoir de faire appliquer le moratoire.
Sea Shepherd, légitimée par la Charte Mondiale pour la Nature des Nations Unies, est la seule organisation dont la mission est de faire respecter ces règles internationales de protection en haute mer.
Résumé de trente ans de combats :
-Abordage et mise hors service du célèbre baleinier pirate, le Sierra
-Mise hors d’état de nuire de la moitié de la flotte baleinière espagnole
-Rassemblement de preuves sur la chasse à la baleine aux îles Féroé, campagne dont témoigne le documentaire de la BBC Black Harvest
-Sabordage de la moitié de la flotte baleinière islandaise et mise hors d’usage de son usine de traitement de la viande de baleines
-Sabordage des baleiniers norvégiens Nybraena et Senet
-Lutte contre la chasse baleinière illégale du Japon en Antarctique »
Maintenant que tout le monde sait de qui nous parlons, voyons ce qui se passe à Venise…
Programme de l’escale vénitienne :
-du 1er au 5 février, le « Bob Barker » est amarré à la marina de l’île de la « Certosa » pour y effectuer petites réparations et entretien d’usage…
-du 6 au 7, déplacement du navire sur les quais du bassin de « San Marco » avec visites gratuites guidées pour la population…
-dimanche 7 février après-midi, conférence du capitaine « Alex Cornelissen » dans les locaux du « Vento di Venezia » à la « Certosa » …
J’avais hâte de voir ce bateau, héros des mers et des océans, et son courageux équipage…
Je me précipitais donc à la « Certosa » le lundi 1er février, muni de ma « macchina fotografica » (appareil photographique) pour shooter ce fameux navire…
Malheureusement, ce lundi, « caigo », (brouillard) d’enfer sur la lagune…
Tant pis, je prends quand-même quelques clichés quitte à revenir plus tard car, d’après la météo, le soleil devrait faire sa réapparition jeudi…
Le « Bob Barker » dans le brouillard, accosté près de l’embarcadère du vaporetto de la « Certosa » …
Ce bâtiment s’appelle « Bob Barker » du nom du célèbre producteur et animateur de la télévision américaine…
Pourquoi ? …
« En janvier 2010, la Fondation « Sea Shepherd » annonce que Bob Barker avait donné, en toute discrétion, 5 000 000 $ afin d’acheter et d’équiper un bateau pour lutter contre la chasse de la baleine par la flotte Japonaise dans les Océans du sud. Le fondateur de « Sea Shepherd », Paul Watson, décida de baptiser le navire « Bob Barker » » …
Les dents de requins du « Bob Barker », redoutées de tous les baleiniers…
Sur le ponton, je m’offre le portrait d’un membre de l’équipage, son bonnet sur la tête avec l’emblème à tête de mort de la fondation…
(trop chouette, je leur ai acheté, entre autres, ce bonnet, ce qui m’a permis de leur donner ma modeste contribution) …
Juste le temps de voir quelques membres de l’équipage s’éloigner sur un des deux zodiacs du navire…
Un petit saut dans le temps, de lundi à jeudi où le soleil refait surface…
C’est quand même plus sympa…
Même le cormoran d’à-côté en profite pour faire sécher ses ailes…
Trois-quarts avant bâbord…
La poupe, avec le pavillon Néerlandais, le port d’attache du navire étant Rotterdam…
Au-dessus, l’hélipont, la plateforme pour l’hélicoptère, nous surplombe…
À la proue, flotte au vent le glorieux pavillon de ces éco-pirates…
Genèse du pavillon :
« Le pavillon de l’ONG rappelle le drapeau pirate. Créé par l’artiste Geert Vons et co-conçu avec le capitaine Paul Watson, le logo est composé d’une crosse de berger (Shepherd signifie « berger » en anglais) et du trident de Neptune, qui représente l’approche interventionniste. Le crâne représente la mort que les hommes infligent à la vie marine avec, sur son front, un dauphin et une baleine en forme de yin-yang symbolisant l’équilibre naturel des océans. »
J’arpente le ponton, je suis le seul étranger au navire, et j’ai demandé la permission à l’équipage de prendre quelques « foto », permission accordée avec de grands sourires…
L’équipage, tous relativement jeunes, garçons et filles, s’affairent aux travaux d’entretien du bâtiment… Si j’avais entre 20 et 30 ans, c’est volontiers que je me porterais volontaire pour embarquer à bord le temps d’une campagne, même en sachant que l’alcool, le tabac, les cigarettes qui font rire et la viande sont interdits à bord, régime végétarien pour tous… Les grandes causes exigent quelques petits sacrifices…
Les flancs du navire portent de nombreuses cicatrices, témoins de rudes collisions avec les baleiniers illégaux…
Zoom…
De l’autre bord du ponton, un zodiac, embarcation toujours opérationnelle dans leurs batailles navales… Ils n’ont vraiment peur de rien…
Tout au bout des pontons, sur l’île même de la Certosa, le stand de la délégation Italienne de « Sea Shepherd », où l’on peut faire des dons, apporter de la nourriture pour l’équipage (car la fondation n’est financée que par des dons), ou acheter des articles, style sweatshirt, t-shirt, casquettes, bonnets, badges, sacs etc., tout cela pour soutenir l’ONG…
Comme les visites guidées du bateau sont prévues pour samedi et dimanche sur le bassin de San Marco, je décide de revenir samedi au soleil car dimanche il va pleuvoir…
Nous voilà Samedi 6 février 2016…
Oups !… Que se passe-t-il ?… Pas de bateau sur la « Riva degli Sette Martiri » …
Le « Bob Barker », se déplaçant de la « Certosa » au bassin de « San Marco » s’est ensablé sur les hauts fonds de la lagune, devant l’île de « San t’Elena » … Il gîte légèrement sur bâbord, la gueule de requin est entièrement découverte, le navire est posé sur le fond…
Quand je répète à qui mieux mieux que la lagune vénitienne est un des endroits les plus difficiles à naviguer de par son trafic intense et ses hauts fonds, on me regarde toujours avec un petit sourire amusé, voire ironique… La preuve en est, l’équipage, qui n’est pourtant pas composé de marins d’eau douce, a sous-estimé ce matin la marée basse dans la lagune…
On comprend bien pourquoi la Sérénissime n’a jamais pu être envahie par des flottes étrangères…
Moi-même je me suis planté une fois voulant tirer au court entre Punta Sabbioni et le Lido, heureusement j’ai fait machine arrière immédiatement mais j’ai un peu abîmé mon hélice…
Le navire restera attaché toute la journée par deux remorqueurs, à l’avant comme à l’arrière pour éviter tout faux mouvement, il faudra attendre la marée haute à 22h30 heures pour délivrer le « Bob Barker » …
« La lagune vénitienne nous a démontré qu’elle pouvait être pour nous plus insidieuse que les baleiniers japonais » a plaisanté le capitaine historique Alex Cornelissen pendant sa conférence dimanche après-midi dans les locaux du pôle nautique de la Certosa…
En conséquence les visites guidées qui devaient durer 2 jours se restreignent à la seule après-midi du dimanche, et sous une pluie permanente, ce qui n’a pas empêché une foule nombreuse de passionnés d’être présente…
C’est par groupe de 20 que nous sommes accueillis tous les 10 minutes pour des visites d’une demi-heure…
Notre guide nous fait un petit topo préliminaire et nous donnant les consignes de sécurité…
La passerelle métallique, glissante à souhait, pour monter à bord…
Le gaillard d’avant, avec l’emplacement d’un des deux zodiacs du bateau, et la grue pour les descendre en mer, grue servant également à embarquer ou débarquer du matériel…
Nous descendons à l’intérieur du navire…
C’est spartiate, ce n’est évidemment pas un bateau de croisière, tout est fonctionnel et prévu pour le travail… Des réservoirs de carburant permettent 3 mois d’autonomie en mer ! …
Les équipements pour l’équipage…
Tenues de plongées
Bouteilles d’oxygène… Ils ont leur propre compresseur à bord…
Les vagues sont si violentes dans les mers antarctiques que les flancs du navire ont dû être renforcés, quand on connait les 40ème, 50ème et 60ème rugissants, il y a de quoi prendre des précautions…
Nous arrivons enfin dans l’espace à vivre, le carré…
Le marin de nous expliquer que c’est la pièce la plus sûre du bâtiment, les hublots donnent sur les coursives, elles-mêmes protégées par les flancs du navire…
« Lorsque nous avons été coincés et éperonnés par deux baleiniers japonais et que le bateau gîtait à 35°, tous les membres de l’équipage qui n’étaient pas en postes de combat étaient rassemblés dans cette pièce » …
À côté, la salle à manger…
Quelques membres d’équipage sont à table… (J’ai demandé la permission de les « fotografier ») …
Il ne nous a pas été permis de visiter les cabines, certaines étant occupées…
Nous voilà sur la passerelle de commandement…
Les instruments de bords, radar, GPS, échosondeur, etc…
De là, nous avons la vue sur le pont avant où débute la visite guidée suivante…
Les commandes des moteurs…
Les instruments de communications extérieures et intérieures…
La table à cartes marines…
Nous revoici à l’extérieur, à la poupe, et je grimpe sous la pluie pour shooter l’hélipont…
Espace couvert sous l’hélipont qui sert à ranger du matériel, en particulier ces barres de fer pointues qui viennent d’être repeintes…
À quoi peuvent-elles servir ? …
C’est le dispositif anti-abordage…
Pour vous faire comprendre, j’ai repiqué une foto sur une vidéo en plein affrontement où vous voyez le dispositif installé autour de la poupe du navire…
La visite est terminée, nous redescendons sur le ponton par la coursive bâbord …
Pour clore ce reportage illustré, je vous invite à visionner la vidéo ci-dessous, d’une durée de 11 minutes, montrant 6 collisions et affrontements entre les bâtiments de la flotte « Sea Shepherd » et les baleiniers illégaux…
Impressionnant…
Si vous êtes, comme moi, passionnés par la marine et les marins, la vie en mer et les aventures de ces courageux éco-pirates, je vous conseille de regarder les vidéos sur YouTube en faisant une recherche sur « Sea Shepherd » …
La plupart de ces vidéos sont en anglais, toutefois si vous recherchez « Sea Shepherd en français » vous trouverez 5 à 6 vidéos passionnantes… Elles durent environ 40 minutes chacune mais personnellement, les ayant visionnées pendant plusieurs heures je ne me suis pas ennuyé une seule seconde…
Une dernière « foto » du « Bob Barker » maintenant reparti pour une nouvelle campagne…
Lors de sa conférence de dimanche après-midi à la « Certosa » le capitaine Alex Cornelissen, a laissé entendre qu’ils reviendraient bientôt à Venise…
Je ne manquerai pas le prochain rendez-vous…
Je conclurai ce billet par la devise de mer de la « Sea Shepherd » :
« Nos navires sont vos navires, nos équipages sont vos équipages, nos victoires sont vos victoires, et les vies que nous sauvons sont les vies que nous sauvons tous ensemble »
Claudio Boaretto
salut Claudio – beau reportage – bravo -
je ne connaissais pas l’existence de ce bateau !
bonne année à toi et à ta famille
nous t’embrassons
Maryse et georges – de dieue sur meuse ….
Bien le bonjour à vous deux et heureux de vous avoir fait découvrir le « Bob Barker »…
Beau reportage Claudio
Je ne savais pas qu’ils avaient plusieurs bateaux.
Heureux qu’ils soient bien accueillis à Venise : c’est qu’il y a beaucoup de pays où ils sont considérés comme des terroristes
On attend la photo du capitaine coyote avec le bonnet maintenant
Ils sont considérés comme des terroristes par les pays qui se conduisent mal…
Interpol a lancé d’ailleurs un mandat d’arrêt contre Paul Watson demandé par le Costa Rica, et le Japon qui souhaite son extradition…
J’ai regardé la vidéo c’est impressionnant. Quel courage ont ces marins ! On peut les remercier chaleureusement pour ce qu’ils accomplissent pour nous. Merci Claudio de m’avoir fait découvrir cette ONG. Bises
Leurs actions et leur courage méritent d’être connus, sans aucun doute…
Comme toi Claudio,je suis de prés les aventures des « Sea Shepherd » et de Paul Watson….
Ils se battent avec courage et obstination.Leurs vidéos prennent au tripes,et c’est le danger partout .
Honte à la flotte Japonaise.C’est le pot de terre contre le pot de fer,les baleines,dauphins ne seront jamais heureux autrement que dans les mers.
Merci pour ce beau reportage et ces belles fotos.
Oui Thierry, ils méritent notre soutien contre ces flottes d’état sans foi ni loi qui ne respectent pas les océans…
Bravo à cette ONG dont je connaissais l’existence. Bravo Claudio d’avoir participé à la faire mieux connaitre avec ton magnifique reportage. Je vais faire suivre à des amis. Ceux qui connaissent seront heureux de visionner ton reportage, ceux qui ne connaissent pas seront heureux de découvrir cette ONG. MERCI. bises. Pierrette.
C’est très bien de partager Pierrette, il faut faire connaitre Sea Shepherd…
Bravo Claudio pour ce photo-reportage!
L’oeil et la sensibilité de l’artiste..
Oui, aussi « Sea Shepherd » et suis cette ONG depuis le début.
Forcé d’admirer le sans froid de Paul Watson et de ces sympatiques marins tournants.
(il me fait penser un peu au beau frère de Pierrette, militant LPO pour la sauvegarde des oiseaux)
Mais leurs moyens semblent tellement disproportionnés et dérisoires..
En tout cas, la bataille porte ses fruits sur le terrain médiatique.
Toujours rêvé être à bord pour participer, non sans une certaine colère, à cette noble cause.
Je serai peut être trop engagé physiquement?
Une belle lutte contre les meurtriers industriels des mers! qui salissent un peu plus chaque fois notre passage sur cette planète. C’est le monde à l’envers! où, les sauveurs deviennent hors la loi dans certains pays et se trouvent sous mandat d’arrêt!
Leurs navires, leurs équipages, leurs victoires et les vies qu’ils sauvent me réconcilie avec le genre..
Enfin! de l’argent pour affréter un nouveau bateau et sauver de bien majestueuses vies!
Tous contre ces pitoyables « bas de laine » d’armateurs Japonais, véritables usines d’exterminations des Baleines.
Ces pays semble être traditionnellement et culturellement très à leur aise avec la violence, le sang qui coule et le raffinement cruel.. sans doute à la hauteur de leur évidente méchante bétise.
Entièrement d’accord avec toi Sylvain et merci pour ce commentaire explicite…
Je dirai : « à la hauteur de leur évident méchante cupidité »…
Quelle histoire passionnante ! Merci Claudio ! Je n’étais au courant de rien de tout cela et j’en apprends toujours énormément avec tes reportages. Quel courage de la part du Sea Shepherd et quelle brutalité de la part de ces baleiniers qui, non contents de ne rien faire pour sauver notre planète, ont le culot d’agresser ceux qui en prennent soin ! Cette ONG mérite d’être mieux publicisée et recevoir un maximum de fonds. Je suis heureuse d’apprendre qu’il y a encore des millionnaires généreux qui souhaitent oeuvrer de façon anonyme !!
Et moi je suis content de te les avoir fait connaitre…
Bravo les copains pour votre héroique courage à combatre ces braconniers de la mer et de la nature!!!
merci aussi à toi Claudio de nous les faire connaitre !! c,est vraie cela réconcilie avec le genre humain!!!
Vraiment très intéressant !
Ces éco-pirates sont des héros !…