LES DUNES GRISES ET LA PLAGE SAUVAGE DU LIDO DE VENISE
Posté par Claudio Boaretto le 28 mars 2017
Les dunes grises et la plage sauvage se situent à l’extrémité nord-est du « Lido di Venezia » …
Une petite carte schématique agrémentée d’une flèche rouge pour préciser le lieu et la topographie de cette île, fin cordon littoral d’une douzaine de kilomètres entre la lagune de Venise et la mer Adriatique…
Pour être plus précis, une « foto » de Monsieur Gogole Earth…
Ces dunes et cette plage sont le rectangle brun entre les 2 flèches…
On y accède soit par la plage, soit par la petite route, la ligne blanche en dessous de la flèche rouge, car cette route, au-dessus de la flèche, devient un chemin blanc privé réservé aux véhicules du chantier pharaonique du MoSe dont j’indique l’entrée par la flèche jaune…
Le grand espace vert étant la piste d’atterrissage de l’aéroclub…
On m’a dit :
« Que vas-tu faire là-bas, c’est tout plat et il n’y a rien à « fotografier » » …
Loin d’être mon avis, c’est un site naturel à redécouvrir…
Sur une île comme la nôtre nous avons si peu d’espace qu’il ne faut négliger aucun lieu…
Voici le premier cliché pris exactement depuis l’endroit désigné par la pointe de la flèche rouge sur l’image précédente…
Nous traversons jusqu’à la plage, plage libre et sauvage…
Cette année, exceptionnellement, nous n’avons pas eu de grande marée ni de « aqua alta », une ou deux seulement ne dépassant pas le coefficient 110, soit peanuts …
Donc la plage est beaucoup plus propre que les années précédentes où elle était encombrée d’une multitude de bois flottés et autres déchets et plastiques apportés par la mer…
La transition entre la plage et les dunes…
D’ailleurs, pouvons-nous les appeler des dunes ? Elles n’ont pas le temps de se former en hauteur, sans cesse balayées par les vents…
Le plus terrible d’entre eux étant le vent glacial de nord-est, venant direct et sans obstacles des Balkans, juste en face de l’autre côté de l’Adriatique…
C’est la « Bora » qui tout l’hiver nous glace les… pieds…
Elle a rasé la végétation, il faut attendre la belle saison pour que tout repousse…
Un panoramique sur ces pseudos dunes (3 foto accolées) …
Seules quelques touffes résistent à cet Attila venteux…
Quant aux arbres peu nombreux qui tiennent sur ces dunes, pas la moindre feuille ne reste accrochée à leurs branches…
Seuls de rares pins tirent leurs épines du jeu…
Sur les chemins de bois, un bout de plancher manquant nous offre un plan de culture original…
En bordure de plage, de téméraires petits champignons émergent du sable et sortent leur ombrelle…
Des bois déracinés et flottés des années précédentes arrivent jusqu’aux dunes…
Un endroit délimité et protégé pour la nidification des oiseaux migrateurs spécifiques qui viennent se reproduire sur notre littoral…
Il est demandé aux rares promeneurs de ne pas pénétrer dans cette enceinte et de ne pas laisser divaguer leurs chiens…
Les oiseaux concernés sont le « fraticello » et le « fratino » …
Pour les connaisseurs, je pense à mon ami Michel K, voici les noms latins : « Sternula albifrons » et « Charadrius alexandrinus » …
En français :
le « fraticello » : la sterne naine…
Le « fratino » : le pluvier à collier interrompu…
Mon rêve est de shooter le « fratino » mais il est très difficile à « fotografier », tout petit, il coure à une incroyable vitesse sur les grèves…
Je ne l’ai vu que 2 fois dans ma vie, en 2011 à Ca’ Roman (Pellestrina) et ici-même au mois de janvier dernier…
Malheureusement, aperçu au dernier moment, ce ne fut l’affaire que de quelques secondes…
Comme j’étais en « mode ouverture » la vitesse d’obturation de mon boitier était bien trop lente… Je n’ai pas eu le temps de changer mes réglages, donc des « foto » pas nettes et prises de trop loin…
Jugez-vous par vous-même, hélas…
Revenons à notre petit reportage…
Un shoot vers le nord où l’on aperçoit les bâtiments du chantier du projet MoSe…
Pour les nouveaux visiteurs de ce blog, un petit rappel :
Le nom de ce projet chiffré à 5,5 milliards d’euro n’est pas le fruit du hasard. Mose – Moïse en italien – est l’acronyme de « Modulo Sperimentale Elettromeccanico », une référence au prophète qui permit au peuple d’Israël de fuir l’Égypte en ouvrant un passage dans les eaux de la mer Rouge.
Le projet Moïse, qui a donné lieu a un énorme scandale de corruption avoisinant le milliard d’euros, vise à protéger Venise des grandes marées et de « l’aqua alta » …
Le principe : installer 78 digues mobiles aux trois entrées de la Lagune…
Commencé en 2003, le fonctionnement du MoSe est reculé d’année en année, aux dernières nouvelles ce devait être pour cet automne mais le voilà encore repoussé à 2018 !!!…
Nos pas nous mènent jusqu’à l’entrée du chantier…
Le MoSe, c’est l’Arlésienne…
Si les outils utilisés sont aussi performants que cette pelle apposée près du chantier, nous ne sommes pas prêts d’en voir la fin…
Nous repartons par le petit sentier entouré d’un bosquet tout en longueur désigné ici par les flèches vertes…
Le sentier…
Dans cette verdure qui a su résister à la « Bora » nous dénichons deux blockhaus, souvenirs de nos « amis teutons » (hum, hum, dis tonton pourquoi tu tousses ?) pendant la 2nd guerre mondiale…
Le premier blockhaus caché par la végétation…
Le second…
Ce dernier, je me le shoote en sens inverse pour l’avoir en contre-jour avec le soleil en étoile le frappant de ses rayons…
Et nous rentrons par le petit sentier, direction sud-ouest, soleil face à nous…
Ben, qui sait qu’il a dit qu’il n’y avait rien à « fotografier » dans c’te coin-là ??? …
Claudio Boaretto
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