DAMIEN HIRST AU PALAZZO GRASSI À VENISE
Posté par Claudio Boaretto le 14 novembre 2017
« Treasures from the Wreck of the Unbelievable » (Trésors de l’épave de L’Incroyable), l’exposition de Damien Hirst présentée du 9 avril au 5 décembre 2017, que nous avions commencé à la « Punta della Dogana » se poursuit au « Palazzo Grassi », le second musée d’art contemporain de la fondation Pinault à Venise, comme en témoigne la grande affiche au-dessus de la porte d’entrée du palais…
Cette même affiche que l’on observe également sur la porte d’eau…
Et cette statue de bronze qui interpelle tous les passagers des vaporetti passant sur le « Canal Grande » …
« The Fate of a Banished Man (Rearing) » …
Sitôt entrés dans le musée nous avons le souffle coupé par les colossales dimensions de la statue sans tête qui occupe tout l’atrium du palais, aussi bien dans sa largeur que sa hauteur…
« Demon with Bowl » (démon avec bol) …
Même en faisant plusieurs fois le tour, impossible de cadrer cette statue en son entier dans l’objectif de mon boitier…
Plus de 18 mètres de haut et pas le recul nécessaire pour shooter l’œuvre…
Il faut monter dans les étages pour en apprécier plus encore le gigantisme…
Aussi impressionnant vue d’en haut que d’en bas…
Je shoote par fragments…
Que nous raconte l’artiste sur cette œuvre ? …
« Cette sculpture monumentale est une copie d’un plus petit bronze retrouvé dans l’épave. Sa découverte a résolu un mystère archéologique : en 1932 une tête de bronze aux traits de saurien est retrouvée dans les ruines de la vallée du Tigre. Dotée d’une mâchoire béante et de grands yeux bulbeux, la tête fut initialement identifiée comme celle de Pazuzu, « le roi babylonien des démons du vent ». L’exhumation du corps de la sculpture a remis en question cette assertion, en révélant l’absence des attributs habituels de Pazuzu : ailes, queue de scorpion et pénis à tête de serpent.
Créatures primitives complexes, les démons mésopotamiens habitaient des royaumes au croisement de l’homme, de l’animal et des divinités. Incarnant une réponse transgressive à des structures sociales rigides, ces êtres hybrides pouvaient être apotropaïques, bienveillants ou malveillants. L’hypothèse selon laquelle le bol que tient le démon serait un récipient pour récolter le sang humain correspond à une interprétation contemporaine des démons en tant qu’êtres universels destructeurs.
Il est plus probable que cette figure ait été le gardien de la demeure d’un membre de l’élite locale. » …
Comment ne pas y croire ?…
Quoiqu’il en soit l’énorme tête est bien là au pied du démon, aussi monstrueuse que la statue…
Et la pseudo découverte « fotografiée » au fond des flots…
Aluminium thermolaqué, polyester imprimé et caisson lumineux en acrylique (122 x 122 x 10cm) …
Nous quittons l’atrium pour emprunter la magnifique montée d’escalier où, à mi palier, nous pouvons contempler encore un caisson lumineux de 3 x 2 mètres :
« Aspect of Katie Ishtar Yo-landi Beneath the Sea » …
Nous voici dans les salles du 1er étage…
« The Skull Beneath the Skin » (le Crâne sous la peau) …
Marbre rose et agate blanche…
« La fin de l’Époque classique (env. 400-323 avant l’Ère Commune) est marquée par de grandes avancées dans le domaine de la théorie médicale dont une nouvelle conceptualisation de la dualité entre corps et esprit.
Les yeux mi-clos de cette figure moitié chair moitié squelette évoquent la croyance selon laquelle le travail du corps se faisait sous le seuil de la conscience »
Dans la salle suivante 3 statues d’Hermaphrodite…
« Cette sculpture endommagée d’Hermaphrodite, dieu à deux sexes, est à côté d’une copie contemporaine de musée et d’une version avant restauration incrustée de coraux » …
Sculpture endommagée en granit noir…
Copie contemporaine en bronze…
« Cet hermaphrodite grandeur nature adopte une posture contrapposto (déhanchement) qui accentue les courbes idéales de son corps. L’équilibre maintenu entre les forces contraires, et pourtant complémentaires, illustre la pureté associée par les Anciens à l’androgynie. »
Version en bronze avant restauration, incrustée de coraux…
« Museum Specimen of Giant Nautilus Shell »…
Bronze peint, 90 x 70 x 43cm…
Dans la salle suivante, 8 statuettes en argent et peintes, nous attendent…
Entre autres « Lion and Serpent » 29,7 x 28 x 21cm…
Dont la reproduction de deux statues monumentales que nous avions vu à la « Punta della Dogana » …
« The Warrior and the Bear » 64,3 x 37.4 x 29,1cm…
« Hydra and Kali » 93,5 x 122,2 x 57,5cm…
« Skull of a Cyclops » (crâne d’un Cyclope) …
135 x 114 x 139 cm…
Le crâne du Cyclope examiné par un plongeur,
Caisson lumineux de plus de 2 mètres de large sur 1,50 mètre de haut…
Le Cerbère dans sa vitrine, 71,5 x 42 x 85 cm…
(Excusez pour les reflets, je n’avais pas mon filtre polarisant) …
Les explications :
« Trois inscriptions sont visibles sur les flancs abimés de cette bête à trois têtes : l’une en hiéroglyphe égyptien, l’autre en copte officiel et la dernière en graffiti copte. Chacune fait référence au statu de culte de cet animal, décrit comme le gardien féroce du monde souterrain. Les hiéroglyphes sont antérieurs aux écrits identifiant cette créature comme étant de toute évidence le chien d’Hadès, « féroce, innommable Cerbère qui mange de la chair crue » (Théogonie, Hésiode). L’objet évoque l’ampleur du syncrétisme sous l’Antiquité, om diverses civilisations adoptaient et se réappropriaient les sujets de culte polythéiste. » …
Encore une statue monumentale…
« Andromeda and the Sea Monster » …
Environ 6 par 4 mètres…
Les dimensions de la salle ne permettent pas encore d’avoir le recul nécessaire pour shooter l’œuvre en son entier…
J’y arrive à peine en m’aplatissant dans un « racoin » …
Quelques détails de ce bronze…
Nous arrivons dans une partie plutôt vouée à l’humour et à la dérision de l’exposition…
« Goofy », bronze…
Chez nous, on l’appelle Dingo…
Recouvert de coraux et coquillages après 2000 mille ans au fond des eaux…
Qui n’y croirait pas ?…
« Best Friends » bronze…
Trop drôle, j’adore…
Sans oublier l’inévitable « Mickey », bronze …
Et bien sûr sa découverte par un plongeur au fond de l’océan indien depuis 2000 ans…
L’autoportrait de Damien Hirst en bronze :
« Bust of the Collector » …
Nous allons finir par y croire au naufrage de « l’Apistos », « Unbelievable » en anglais, « l’Incroyable » en français…
Nous trouvons même sa maquette dans une des salles du palais avec force de précisions :
« Le récit de l’histoire du naufrage est livré par le marin Lucius Longinus, confirmé par le contenu d’un papyrus retrouvé dans les ruines de port de Myos Hormos sur la rive de la mer Rouge. Longinus nous apprend que la structure de l’Apistos a été construite en Alexandrie puis transportée le long du Nil avant d’être assemblée à Myos Hormos.
Le navire mesurait soixante mètres de long et pesait plus de 460 tonnes. Un obélisque de 26 mètres trônait sur le pont du bateau » …
Nous terminerons cette visite par la tête de la Gorgone puisqu’elle figure dans les affiches promouvant l’exposition…
(Étant sous vitrine, nous n’éviterons pas quelques reflets) …
« The Severed Head of Medusa » …
« Entièrement sculptée en malachite, un minerai de cuivre vert protohistorique qui émet une poussière toxique lorsqu’on le sculpte.
Quatorze des serpents les plus venimeux au monde – restitués ici dans les moindres détails – trône sur la tête pétrifiée de la Gorgone, dont le python de Seba, la vipère cornue et le serpent corail » …
Je ne vous ai pas tout montré bien évidemment…
Dans moins de 3 semaines l’exposition ferme ses portes…
Si vous êtes à Venise, il serait dommage de la rater…
Sinon, entre la « Punta della Dogana » et le « Palazzo Grassi », j’avoue avoir une préférence pour la Pointe de la Douane…
Claudio Boaretto…
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