« Homo Faber » est la première grande exposition dédiée à la maîtrise artisanale dans toute l’Europe…
Un événement culturel international qui entend valoriser les métiers d’art contemporains et traditionnels et leur interférence avec le monde du « Design » …
Un voyage à la découverte de l’excellence avec la possibilité de rencontrer in situ les maîtres d’art européens…
Cette superbe exposition s’est déroulée du 14 au 30 septembre 2018 à Venise, sur l’île de San Giorgio Maggiore…
Voici le plan de l’île où les endroits numérotés désignent les espaces d’exposition…
Le public n’a pas accès à la grande partie verte (en bas à droite du plan) comprenant le théâtre de verdure, il faudra qu’un jour je trouve le moyen de le visiter…

La « foto » aérienne de Google Earth est plus parlante…
La flèche rouge indique l’entrée principale de l’exposition par où nous pénétrons…

Si l’exposition est magnifique, le lieu choisi est tout autant superbe…
Nous arrivons immédiatement dans le premier cloître…

Avec la vue depuis le jardin intérieur de l’arrière de l’église palladienne et du haut du campanile de San Giorgio …

Le jardin intérieur du cloître avec ses haies taillées…

Le sujet de ce premier espace, ce sont les « foto » de Susanna Pozzoli exposées sur les murs du cloître, « foto » qui nous conduisent dans les coulisses des boutiques de 21 maîtres artisans de Venise et de Vénétie…

« Fotografier » des « foto » m’a toujours semblé absurde…
Bien qu’elles soient magnifiques je me suis plutôt intéressé aux techniques photographiques de l’auteure qu’aux sujets même de ses « foto », passion oblige …

Le second cloître attenant au premier…

Donnant une ambiance toute particulière à cette exposition de « foto » …

Juste après les deux cloîtres, comme on le distingue sur la « foto » aérienne, se trouve le labyrinthe…

Le mur végétal n’est pas bien haut, approximativement un mètre vingt ou un mètre trente, mais ne diminue en rien la complexité du dédale…

Nous montons au premier étage d’un des cloîtres pour l’espace intitulé « Talento Naturale » où est exposée une collection originale d’objets en bois conçus par les étudiants de la « Creative Academy » sous la direction de « EligoStudio » et réalisés par le maître ébéniste Giordano Vigano et le maitre tourneur sur bois Carlo Meloni…
Comme ces petites boites à bijoux composés de diverses essences de bois rares et précieux et inspirés de l’architecture italienne…

Il est à noter la présentation originale de ces objets dans une salle à la lumière tamisée, sur des plaques d’acier encastrées dans des troncs de bois…

Des boites, des chandeliers et même une mini planche de skate…

L’espace suivant « Creativity & Craftsmanship » est tout aussi original…

La présentation muséographique à l’aide de grands cônes sombres pointant la lumière sur les pièces exposées est spectaculaire…

Ce que l’on nous dit :
« Découvrons ce qui se produit de la rencontre entre la maestria de 8 artisans extraordinaires et de 8 célèbres designer internationaux…
Une collection d’objets d’art exclusivement créés pour Homo Faber » …
Quelques exemples :
Indoor / Outdoor. Open House…

« Une structure en bois entièrement recouverte de mosaïque… Comme un tabernacle en forme de maison, mosaïque de marbre et de pierre diffère de l’intérieur en mosaïque d’or légèrement polie par Giulio Candussio, mosaïste et Ugo La Pietra, designer » …

Starry Pyramid
« Pyramide étoilée placée sur une base en bois. Les quatre faces sont couvertes en cuir. Une LED à l’intérieur donne la lumière filtrée par les trous en forme d’étoile sur les faces de la pyramide, par Pere Ventura Sala, travail sur cuir et Tusquets Blanca, Designer » …

Un autre salle un autre espace :
« Fondation Bettencourt Schueller »
« L’excellence de l’artisanat français vu à travers l’activité de la Fondation Bettencourt Schueller, un monde fait d’œuvres qui expriment un savoir-faire unique. » …
Sellettes…
La fonction des Sellettes (supports) est de présenter, exposer des objets. Composées de feuilles de liège et d’or, elles juxtaposent deux matériaux antinomiques, l’un modeste et naturel, l’autre précieux et rare…
Aux yeux des concepteurs elles symbolisent la beauté du monde et le talent des hommes…
Les étudiants, reconnaissables à leur tablier, expliquent aux visiteurs la fabrication méticuleuse des pièces…
Ici chaque morceau de liège a été travaillé de manière à ne pas remarquer leur assemblage…

Empreinte…
La 1ère de ces deux petites commodes est en bois d’ébène, acajou, ardoise, cuir non traité…
La 2nde en carton, matériau composite, aluminium, poudre de caillou, acajou, caoutchouc…
Ces deux pièces sont des copies de petites commodes de style Art Déco… Tandis que les originaux auraient été faits en utilisant des matériaux précieux, l’interprétation de l’ébéniste Ludovic Avenel ajoute une note contemporaine en juxtaposant les matériaux nobles avec plus de matériaux « modestes » tel le carton, l’aluminium et le caoutchouc…

Deux Triangles…
Sculpture en verre…
Ces deux triangles en verre sont formés de blocs de verre optique fondus… Les côtés opaques des triangles diffèrent fortement du verre immaculé et transparent qu’ils entourent…
Ces deux sculptures font partie d’une série intitulée « Formes brèves » du sculpteur Bernard Dejonghe dont le travail prévoit de ramener des formes à leur essence…
Le résultat est bluffant, on a l’impression que les triangles sont vides tellement le verre intérieur est transparent… Il faut mettre le nez dessus pour s’apercevoir que ce sont deux blocs de verre plein…

Passons dans la salle « Singular Talents », talents rares où, quand il y pénètre, le visiteur est montré du doigt par une main géante…

À l’intérieur des court-métrages feront découvrir les ateliers extraordinaires d’une douzaine de maîtres d’art dont le travail peut être considéré comme rare, si ce n’est unique… 3 de ces films peuvent être vécu en réalité virtuelle…

Au sortir de la salle, un coup d’œil sur le majestueux escalier monumental qu’il est impossible de cadrer en son entier même en combinant 2 foto comme ci-dessous…

Je suis tout autant en admiration des extérieurs…

Nous arrivons dans l’immense espace numéro 9 :
« Best of Europ » …
Un voyage au cœur de l’artisanat européen contemporain avec les artistes-artisans et leurs œuvres…
Plusieurs centaines d’objets exposés allant du cuir espagnol à la céramique italienne, de la porcelaine française à l’osier irlandais ou au verre allemand…

Certains artisans et maîtres d’art sont présents…
Ce ne sont pas toujours les mêmes, ils alternent à chaque journée de l’exposition…
Le travail du cuir de l’italien Stefano Conticelli qui nous explique comment il imperméabilise le cuir qu’il traite…

Une parure en cuir pour le guidon d’une vespa comme nous le verrons un peu plus tard…

Chausse-pieds et cuillères en bois du Norvégien Stian Korntved Ruud…

La française Sylvie Deschamps et l’art antique de la broderie du fil d’or… Nommée maître d’art en 2010…
Je suis particulièrement sensible à ce titre puisque mon frère ainé, Renato Boaretto, fut l’un des premiers maîtres d’art nommé par le ministère de la culture en 1995…

Une autre française, Stéphanie Millet, artisan tabletier travaillant la nacre…

Le britannique Sam Elgar, sculpteur sur pierre…

La sculpture sur papier de la suédoise Cecilia Levy…

Quelques œuvres exposées sans la présence aujourd’hui de leurs créateurs…
Testone…
La tête iconique du David de Michael Ange avec une minuscule femme en porcelaine s’abritant à l’intérieur, de l’italien Andrea Salvatori…

J’arrête pour cet espace car nous aurions pu y passer l’entière journée…
Un autre espace particulier intitulé « Whorkshop Exclusive » en anglais et « Mestieri in Movimento » en italien, soit deux appellations différentes, l’italienne me semblant la plus pertinente…
Des œuvres extraordinaires se réalisent également dans les officines mécaniques, disons-le simplement, les garages…
Des maitres artisans qui construisent, réparent, restaurent chaque moyen de transport : auto, moto, bicyclette et même hélicoptère…
Mon regard se porte automatiquement sur les motos…
Motos vintages montées par l’espagnol David Borras (alias El Solitario) …

Deux Ferrari restaurées par Carlo Bonini…

Carlo Bonini restaure des automobiles depuis plus de 30 ans…Son garage est basé à Cadelbosco di Sopra, petite ville de la région Reggio Emilia…

L’italien Sergio Bortoluz fabrique carrément des hélicoptères…

Avec 25 ans d’expérience, il fonde sa société, Konner S.R.L., en 2002 et développe son produit clé, l’hélicoptère biplace K1…

Nous retrouvons les vespas « habillées de cuir » par le maître artisan Stefano Conticelli que nous avions vu précédemment…

Beaucoup d’autres créations dans sa boutique :
“Bottega Conticelli”
Ctr. Torraccia – 05013 Castel Giorgio (TR) …

Un fabricant monégasque de vélos électriques , Stajvelo…

Nous sommes restés longtemps à discuter avec lui…
il nous a présenté en détail l’éco-vélo RV1, magnifique vélo, fait main, sans chaines, une sélection rigoureuse des matériaux, 100 kms d’autonomie, 7000€ le vélo quand même…

Le dernier espace que nous partagerons aujourd’hui de cette immense exposition s’intitule « Fashion Inside and Out » …
Une installation dans l’ancienne piscine Gandini…

Une présentation très originale…

Comme je n’y connais pas grand-chose en mode voilà ce qui se dit sur un mannequin pris au hasard de cette « mostra » …
« Wig for Chanel dress »
« Pour accompagner ces robes à la finition complexe conçues par Karl Lagerfeld pour Chanel, Angelo Seminara a créé deux coupes de cheveux en chignons. Une conception très simple et minimale à l’avant contraste avec l’augmentation du volume vers le dos. Trois techniques différentes ont été employée pour créer ces perruques en osier » …

Bon ben, focus sur les perruques…

Moult mannequins en robes, jupes, chemisiers et pantalons que je saurais vous détailler ici…

En revanche j’ai bien aimé les mannequins nageurs de cette piscine avec des coiffures représentant l’eau …

Celui-ci nage sur le dos…
« Les coiffures de ces nageurs ont été commandées par Judith Clark et faites par Stephen Jones pour l’Homo Faber. Ces coiffures en plastique, moulées à la main, sont reliées à une cagoule cousue à la machine fabriquée en coton et en cuir. Chaque pièce a pris environ 21 heures pour sa fabrication. » …

Ainsi se termine ce long reportage sur cette fabuleuse exposition Homo Faber qu’il n’aurait pas fallu rater, aussi bien pour l’exceptionnel artisanat d’art que nous avons pu approcher et appréhender que pour la découverte de ces lieux magnifiques, la plupart du temps fermés au public…
Claudio Boaretto