MADEMOISELLE SCHIELE REVISITÉE PAR HUGO H
Posté par Claudio Boaretto le 17 octobre 2019
Hugo H, notre artiste-peintre vénitien préféré, s’est mis en tête de revisiter le dessin de Egon Schiele, dessinateur et poète autrichien (1890-1918), intitulé « Mademoiselle Schiele » dont voici l’original…
Cette œuvre requiert quelques explications que l’artiste nous livre abondamment :
« Egon Schiele, le génie du trait, dessine sa sœur Gertrude (Gerti) à moitié dévêtue en 1910 (“Nu semi assis avec un chapeau et bas violets”).
Ce dessin, vu dans une exposition à Paris en début d’année, m’a impressionné : la justesse du trait dans le mouvement (on sent que la fille est en train d’ajuster sa position), la beauté de cette poitrine qu’elle remonte en passant…
J’ai eu envie de lui donner corps… passer du papier aquarellé en fausses couleurs à une version réaliste.
L’exercice est d’ailleurs intéressant pour la variété de textures à représenter :
le chapeau en feutre mat (à cette époque ils étaient réellement gigantesques),
les plumes duveteuses en couronne,
la peau aussi soyeuse que la jupe remontée,
un jupon blanc mat en coton amidonné,
des bas semi-transparents…
toute une variété d’aspect à travailler selon une lumière qui est à inventer… Joli divertissement ! »
L’interprétation de Hugo H, huile sur toile 30x45cm…
Les explications techniques :
« Déjà pour ce qui concerne le dessin, il a fallu finir ce qui était seulement évoqué, simplifié : le jupon et la cuisse qui s’y cache. Choisir les couleurs (là-dessus, je n’ai pas abusé).
J’ai voulu garder le trait existant, pour rendre hommage à l’œuvre originale. Cela donne un aspect un peu “bande dessinée” à cette peinture.
On passe également de la feuille de papier blanche du dessin original, où la silhouette se découpe bien et flotte dans un fond uniforme à la toile noire, également abstraite mais faisant référence à la peinture classique. La silhouette y flotte de la même façon. On la lit encore mieux d’ailleurs…
Pour voir complètement la jupe, j’ai décalé la demoiselle à ma convenance dans le format… Le calage en hauteur ne change pas. De même pour la taille de l’œuvre, qui respecte le format papier.
Enfin, j’ai reporté la signature originale du dessin, un simple S en bas à gauche, et j’ai juste ajouté mon H en bas à droite de cette œuvre “à quatre mains”… »
Comme nous en avons pris l’habitude pour les toiles de Hugo H, remontons à la genèse de l’œuvre :
08/02/2019
« Comme disaient les Monty Python : « et maintenant, quelque chose de complètement différent ». Un petit délire, pour changer. Je ne sais même pas si j’ai le droit (sur la question des droits d’auteur, ceux qui savent pourront m’instruire svp). Laissez-moi vous présenter un dessin d’Egon Schiele que j’ai adoré à l’expo vue dernièrement à Paris.
Ce génie du croquis au trait représente ici Gerti, sa sœur ainée. Le dessin est parfait (sauf la petite ligne sous le poignet gauche, je dirais). Et c’est le dessin lui-même (juste les lignes) qui donne toute sa valeur à cette beauté féminine car les couleurs qui y sont superposées, quoique sympathiques pour l’ambiance, n’apportent rien au modelé, ne flattent pas les courbes, ne poussent pas la compréhension de la scène, ne donnent que très peu de relief…
D’où mon idée de donner vie à ce dessin.
Dans une sorte de synthèse entre classique et contemporain, sur la base de cette merveille de 1910… vous me suivez ? »
Le dessin shooté à l’expo par Hugo H à l’aide de son smartphone…
08/02/2019
« Bon, il faut étudier la forme de la jupe, choisir la lumière, les teintes…
la morphologie pour deviner la pose et donc une position probable des genoux etc. »
12/04/2019
« C’est affolant le temps qu’il m’aura fallu… »
12/04/2014
« Pour finalement poser les fabuleuses lignes d’un dessin qui n’est pas de moi à l’endroit désiré sur une de mes toiles… »
20/04/2019
« J’étais curieux de tester les couleurs ici.
Des bas violets comme dans le titre original de Schiele ?
Oui mais alors comment coordonner tout ça avec les chaussures, la robe, le chapeau ?
C’est à moi de choisir les couleurs donc j’ai décidé qu’il ne devait pas y en avoir trop… je pense qu’en 1910, la couleur ne courait pas les rues, sauf peut-être pour la bourgeoisie (ce n’est pas le cas ici). Ce sera plus facile à rendre réaliste. Et puis l’important pour commencer est de trouver une couleur de peau qui respire la bonne santé (ici on a 1/6 de jaune de chrome, 2/6 de rouge de cadmium et 3/6 d’ocre jaune). Oups, la peinture ne couvre pas bien (pas assez absorbant à mon goût cet apprêt…).
Bon, alors quelle couleur pour les chaussures du coup ? »
26/08/2019
« Ça faisait trop longtemps que j’étais sur ce tableau donc j’ai voulu le finir…
Ici, étant donné qu’il s’agit d’un dessin que j’ai décidé de recolorer pour lui donner une troisième dimension, il a fallu choisir combien je voulais laisser apparaître les lignes de l’œuvre originale d’Egon Schiele. Caler le curseur entre dessin au trait et réalisme…
Si je peux le dire autrement pour ceux que ça aide car ils connaissent le sujet : est-ce que je garde ou pas un aspect vraiment Bande-Dessinée (des dessins aux lignes fortes et toujours lisibles à 100%, même quand on a un remplissage couleur assez dense car tout est fait à l’encre, donc en transparence) ?
En augmentant le contraste, les traits ont tendance à se fondre dans les reliefs. Donc voilà, j’ai essayé de me placer juste à mi-chemin en durcissant la lumière sur la peau de Gerti sans vouloir trop abuser. Et comme je m’appuie sur un dessin qui n’est pas de moi j’ai gardé le S de la signature de Schiele en bas à gauche et j’ai ajouté mon H de l’autre côté. »
Pour conclure, voici l’œuvre finalisée et « fotografiée » comme au début de l’article, dans les règles de l’art pour le partage des couleurs réelles…
Cette œuvre n’est pas à vendre car elle fait désormais partie d’une collection privée en France…
Claudio Boaretto
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