OPEN SPACE DANS LES JARDINS DE LA MARINARESSA À VENISE
Posté par Claudio Boaretto le 16 novembre 2020
En cette période de confinement où nous trouvons portes closes dans tous les musées et nous heurtons à la fermeture de toutes les expositions, je trouve la perle rare, la seule expo ouverte à Venise, jusqu’au 16 février 2021…
La « Mostra » du collectif international « OPEN SPACE », organisée par le Centre Culturel Européen Italia , invite les artistes à dialoguer avec l’espace public, en l’occurrence les jardins de la « Marinaressa »…
L’exposition étant en extérieur, ceci explique cela…
La « Marinaressa », ceux qui suivent mon blog depuis longtemps connaissent cet endroit privilégié de « Castello » cher à mon cœur et rempli de souvenirs familiaux…
Pour le fun, je publie une « foto panoramique-cylindrique »…
Hé oui, le « fotograf » revendique le droit de s’amuser…
Les œuvres se distribuent dans les deux jardins de la Marinaressa, « les Jardins du Levant » et « les Jardins du Ponant »…
Commençons par le Levant…
D’entrée, quelques œuvres de l’artiste londonien, David Jacobson, nous accueillent…
« Les sculptures, gravures et dessins de David Jacobson ont été exposés au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Italie, en France, en Suisse, au Japon, en Espagne et en Afrique du Sud.
L’artiste semble relire de manière contemporaine certaines tendances et mouvements artistiques de ces derniers pays, en particulier les lignes esthétiques du minimalisme , de l’italien Arte Povera - dont il feuilletait secrètement les pages de la bibliothèque en tant que jeune homme – et du voisin Japonais mono-ha. »
(Même si les explications sont parfois un peu fumeuses, je n’en suis pas le coupable, tous les écrits en bleu italique sont des précisions reprises pour éclairer (ou pas) le visiteur.
Ceux que ça barbe peuvent regarder uniquement les foto et se faire une personnelle opinion)…
« Jane’s Japanese Love Boat » 2019…
« Symbole par excellence du voyage et du désir d’échapper, non à une représentation d’une arche ou d’un instrument de salut. Un navire en pierre qui évidemment ne flottera pas et donc n’échappera pas au déluge ou ne permettra pas aux animaux d’embarquer deux à deux »…
« Aqueduct Sections » 2019…
« Le risque de sécheresse et l’inévitable extinction de chaque forme de vie ici représentée ; fleuves transformés en stériles canaux de pierre et détritus. Ce sera ce que découvrirons les futurs archéologues, sans eau, s’il y aura encore des archéologues »…
« Footprints » 2019…
« Les traces humaines sont un signe indélébile de notre présence sur la terre. Ceci est ce que notre espèce laissera derrière elle. Quelle espérance pour l’humanité ? nous l’espérons, même si nous avons besoin de changer de direction et d’assumer un plus grand sens de l’attention et de la responsabilité de chacun de nous »…
« Heavy Water » 2019…
« Également important dans ce « théâtre », l’eau lourde est un des éléments fondamental dans la scission nucléaire qui alimente la création de l’énergie nucléaire »…
Une estrade en bois abritant une petite dizaine d’œuvres attire mon attention…
Un panneau explique, en anglais qu’il m’a fallu laborieusement traduire vu que je ne suis pas un spécialiste de la langue rosbif…
« L’Académie Culturelle Européenne ECA se concentre sur le développement professionnel dans l’art et l’architecture. Cette année, nous sommes ravis de présenter un groupe d’artistes internationaux, tous les participants de notre cours d’Art Contemporain. Projet interdisciplinaire implique des artistes, des amateurs d’art et des conservateurs apportant des œuvres d’art à petite échelle dans un espace public ouvert à Venise.
Ce spectacle doit être considéré comme une plate-forme où les artistes partagent une étape de leur parcours, leur réflexion sur le langage visuel personnel. L’exposition présente un large éventail de présentations pleines d’éléments artistiques surprenants. Certains sont inspirés par Venise, certains représentent une tentative de réfléchir sur les expériences dramatiques de 2020. Divers médias créent une combinaison extraordinaire d’approches, un dialogue entre les développements actuels et les idées dans l’art, le design et l’architecture. Nous exposons le travail d’artistes professionnels à côté de ceux émergents dont les œuvres pourraient être moins connues. Ce qu’ils ont tous en commun, c’est la curiosité, le courage d’explorer une capacité à livrer dans des conditions difficiles de pandémie. »
« Human Race, Only » 2020, de l’artiste américaine Kasia Kay…
Billes de bronze et lettres peintes à l’acrylique…
«La race n’existe pas. Il n’y a qu’une seule race humaine. Scientifiquement, anthropologiquement. » – Toni Morrison
J’ai utilisé la citation de Morrison pour appeler à une transformation consciente et à un changement en chacun de nous afin de renforcer notre lutte pour un monde meilleur, plus égalitaire et pour éliminer la discrimination raciale. Le message estampillé de 80 perles de bronze invite tous les humains à reconnaître et à exprimer leurs excuses pour les actes répréhensibles et à affirmer leur détermination à corriger les croyances sur la race humaine. »
« Clear, Tear » 2020, de Julina Lopatina, artiste britannique……
L’installation est basée sur un piédestal en pierre artificielle à huit compartiments, dans lesquels des larmes sont noyées, en plexiglas et attachées par une chaîne au support. Chacune des huit larmes varie en taille, couleur, épaisseur, degré de transparence, chacune représente certaines émotions. Les visiteurs pourront identifier la signification de chaque larme dans la liste ci-dessous.
Larme de bonheur – la plus petite et la plus fragile déchirure dorée,
Larme de douleur – larme rouge,
Larme de joie – larme verte,
Larme de déception – larme grise,
Larme d’envie – la larme noire la plus lourde et la plus massive,
Larme de colère – larme orange,
Larme d’empathie – larme transparente en verre à travers laquelle vous pouvez clairement voir une personne,
Larme de sentimentalité – larme bleue.
« Re-consider » 2020, de Katerina Panagiotaki, artiste britannique…
« Nous pourrions dire que l’œuvre est l’émetteur et le spectateur le récepteur. En regardant une œuvre d’art au début, nous avons un sentiment et puis nous façonnons notre point de vue concernant l’œuvre. Les biais cognitifs et les influences de la perception affectent notre point de vue concernant une œuvre d’art. Si nous parlons à un étranger, qui a des influences différentes, notre point de vue peut changer et nous pouvons obtenir une autre perspective et élargir nos horizons.
Ce processus vise à être une force motrice pour le spectateur d’envisager une discussion avec un autre étranger à réexaminer. La sphère métallique est notre terre, les sentiments sont attachés à un aimant qui représente une unité puissante. Les couleurs primaires symbolisent qu’avec le principal donné, vous pouvez créer toute une palette de nuances différentes. L’effet miroir est utilisé comme un rappel de l’auto-découverte. Les expressions physiques pour l’amour et le bonheur sont limitées. Le toucher est devenu une menace, il sera donc bénéfique de renforcer les mots. Le projet Re-Considerer favorise les valeurs sociales ou l’interaction. »
« Quiet Chaos » 2020, de Victoria Wreden Sadeq, artiste espagnole…
« The Nude protecting us from art » 2020, par Kristina Kragujevska (Macédoine) & Dejan Djolev
« The Goddess » 2020 par Katia Ikonnikova, artiste russe…
« Ce projet est dédié aux femmes avec toute leur complexité, beauté, joie et larmes…
Vous êtes tous les bienvenus »
« Been There – Done That » de Stephen Vineburg, artiste britannique…
Painted and costed EPS…
« Alvéoles de repos » par The Pollinators Collective représenté par Sally Buchanan, Victoria Deryugina, Zarina Karapetyan, Luba Zygarewicz. Collective leader Andrew Johnstone…
« Inspiré par la structure d’une ruche et en reconnaissance du rôle vital que jouent les abeilles dans notre durabilité, « ALVEARE di riposo » est une invitation au repos et à la réflexion tout en mettant en avant un sentiment de communauté. Nous allons explorer le sujet de la ruche plus tard en 2021 par une création d’une grande installation pour Burning Man dans le désert du Nevada »…
« Dense+Green Citie » L’architecture comme écosystème urbain par Singapore – ETH Centre Future Cities Laboratory…
Compliqué à « fotografier »…
Essayons en sens inverse avec la lagune floutée en arrière-plan…
« I go Home » ou « Vado a casa » ou « Je rentre à la maison » 2020, par Ivan Lardschneider, artiste italien comme son nom de l’indique pas…
Le genre d’œuvre contemporaine dont j’apprécie l’humour…
« Portal » par Barbara Grygutis, artiste américaine…
« PORTAL est une œuvre sculpturale créée spécialement pour l’exposition des jardins de la Marinaressa à Venise, en Italie. L’œuvre réunit des éléments artistiques et architecturaux à taille humaine. Les motifs d’ombre infusent la forme humaine évoquant une réponse émotionnelle avec des éléments naturels et créés par l’homme. Portal joue avec l’élément architectural du grand portail. Dans la société numérique contemporaine, un portail est une passerelle vers l’information, un cadre pour fournir un point d’accès unique aux outils et à l’information. Portal se présente comme une passerelle vers l’esprit humain et propose une exploration d’un élément architectural comme expression sculpturale.
Portal transmet la figure abstraite d’une flamme pour susciter la passion et une émotion intense. L’utilisation d’un élément architectural invite au dialogue, élève le rythme du questionnement, provoque le personnel, offre une connexion humaine. L’œuvre évoque les complexités et la créativité de l’esprit humain. »
« Crossing Over : Immigration Stories » 2018, par Jackie Neale, artiste américaine.
« Jackie Neale est une artiste photographique hybride créant des installations de narration dans des médiums allant des procédés alternatifs aux enregistrements basse fidélité. Elle est également auteur publiée et professeure de premier cycle en photographie à la Saint Joseph’s University et à la New York Film Academy.
Jackie a commencé « Crossing Over: Immigration Stories » pour mieux comprendre l’impact sur la vie des politiques d’immigration et de frontière américano-mexicaine, qui se sont étendues à la politique d’immigration dans le pays d’origine de sa famille, l’Italie. Son projet a également révélé un plan de connexion plus élevé, les images étant éthérées, et donc spirituelles. Quand on fait le choix de quitter sa famille, d’immigrer dans un autre pays pour une vie meilleure, cela ressent la même chose à bien des égards que de quitter un corps / une forme de soi pour aller dans un autre. »
« A Shell of a thousand whishes » 2020, par un collectif d’artistes…
« La coquille amplifiera toutes ces missives de l’univers comme les sons lointains de l’océan, les diffusant pour que tous entendent. »…
L’exposition des jardins du Levant terminée, passons maintenant aux jardins du Ponant de la Marinaressa…
Au milieu des pots de plantes, un point d’information tenu par un artiste bénévole… J’ai demandé de la doc, mais elle est en anglais ! …
Ça m’agace, Venise n’est pas une île britannique… De la doc en italien me semblerait la moindre des politesse envers la population locale…
« The Sitting Lioness » 2018, par Jaroslav Ròna, sculpteur, peintre, acteur et écrivain tchèque …
« La statue de la lionne assise a été créée pour concevoir une statue monumentale de cinq mètres qui animerait et compléterait thématiquement la colline Parukářka (le plus haut sommet de Prague) dans le quartier de Žižkov. Le thème reflète le patriotisme fort (quelque peu auto-ironique) du rebelle, principalement du district ouvrier, qui a toujours critiqué l’establishment au pouvoir. La lionne a été conçue comme un fier partenaire et en même temps un rival du symbole officiel tchèque – un lion à deux queues, qui réside symboliquement sur la colline opposée dans les locaux du château de Prague. »
« Triffid V » par Andrée Valley sculptrice américaine travaillant à Madison dans le Wisconsin…
« Mon œuvre est basée sur le chaos perçu et sur la façon dont ce chaos est contenu dans un objet. Je m’intéresse au caractère aléatoire et à la superposition des éléments dans mes pièces et au manque d’orientation dans les œuvres qui reposent sur le sol ou sont suspendues avec du fil de fer pivotant. »
« Planet Earth » 2020, par Riccardo Gatti, sculpteur italien de Trévise…
« Un travail où l’ironie est inhérente aux formes multi-matériaux destinées à dessiner toute la composition.
Beaucoup de substance, dans les mains visant à arrêter le flux de matière en dissolution, après quoi nous arrivons à la forme circulaire des miroirs: deux, en équilibre à deux faces avec une pupille convexe.
Le visiteur s’y retrouve reflété, consommant sa part minimale de gloire comme un fragment temporaire de l’œuvre elle-même, comme Andy Warhol. L’élève en déformant les traits raconte comment chacun de nous, y compris l’artiste, peut vivre des moments d’imperfection nécessaire. Les miroirs « capturent » également la partialité de l’espace environnant, y compris les mutations lumineuses inhérentes au cours des vingt-quatre heures. »
« The Rest of Your Life » 2020, par Paul Chamberlain, de Sheffield Hallam University, professeur de design, codirecteur de l’ Institut de recherche sur la communication culturelle et l’informatique , chef du centre de recherche sur l’art et le design, directeur de Design Futures et codirecteur du groupe de recherche interdisciplinaire Lab4Living …
« The Rest of Your Life réinterprète l’humble banc, symbole de l’espace partagé en réponse à ces temps sans précédent. L’installation offre une ressource publique égalitaire, un sens de la création d’endroits, la possibilité de connecter avec les communautés et la lutte contre l’isolement et la solitude. L’œuvre interprète la nature commémorative du « banc » comme un objet mémorial, capturant ce moment dans le temps. L’inclusion se caractérise par le bâton de marche archétype tandis que sa matérialité possède des propriétés antimicrobiennes, pertinentes aux nouvelles conventions sociales »
« Berengel » par Edwin Hamilton sculpteur-maçon…
« Je construis avec la pierre en tant que sculpteur et tailleur de pierre depuis 30 ans, au cours de cette quête, je suis tombé amoureux de la dignité silencieuse et du sens de la masse évoqués par ce matériau, l’un des plus anciens matériaux de construction connus de l’homme. Je suis intrigué par la présence remarquable véhiculée dans la pierre architecturale ancienne sur ceux qui la rencontrent – elle semble puiser dans un contenu psychique humain universel »
« Guardian » par Stefan Milkov…
« J’ai initialement créé le Guardian comme une petite statue. Ses qualités formelles m’ont inspiré plus tard à le recréer à une échelle monumentale.
Et que puis-je dire de la statue elle-même?…
Personnellement, je sens que nous vivons des temps turbulents, parfois orageux, et le monde change sous tous ses aspects. Malheureusement, c’est un changement pour le pire, comme nous l’avons vu ces derniers mois.
Cette œuvre est donc une expression de ma foi en notre civilisation et en sa force, un symbole de courage et de foi en l’esprit débridé de l’humanité, gardien et protecteur dans les temps difficiles.
Je suis honoré de pouvoir montrer ma statue dans la belle ville de Venise, un pays qui a tant souffert cette année. J’espère que cela donnera aux spectateurs un sentiment de confiance en un avenir plus sûr, comme c’était le cas pour moi lorsque je l’ai créé. »
« Marta et l’Elefante » 2019, par Stefano Bombardieri, sculpteur de Brescia, Italie…
En fin de ce reportage illustré, ma préférence pour cette installation…
« Un méga éléphant suspendu dans les airs et soutenu par une corde par une petite fille, Marta, qui nous rappelle comment notre force intérieure pourrait nous permettre de faire des choses apparemment impossibles, comme soulever un poids énorme. »
Pour des raisons de cadrage, j’opte pour le format carré…
Zoom…
« Message codifié de l’œuvre de Bombardieri, une invitation au respect de la nature et des animaux, dont la survie est étroitement liée à la nôtre. »
En espérant que cette visite des jardins de la Marinaressa vous déconfine virtuellement, je retourne me confiner à la casa, tout en prenant un dernier cliché de la lagune en cette fin d’après-midi où se profilent les silhouettes du campanile de San Giorgio et de la Salute…
Claudio Boaretto
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