BALADE NORMANDE suite, BAYEUX les lieux de mon enfance
Posté par Claudio Boaretto le 30 janvier 2022
Quoique vénitien, je suis né en Normandie ; ma mère n’avait jamais quitté Venise avant d’arriver dans le Calvados à Bayeux deux mois avant ma naissance, je naissais donc « Bajocasse » où je vécu jusqu’à l’âge de 12 ans, entrecoupé par les grandes vacances chez mes grands-parents à Venise…
Une bonne quinzaine d’années que je n’avais mis les pieds à Bayeux…
Je vais tenter de vous présenter la cité de mon enfance, évitant les clichés trop connus comme la tapisserie de la Reine Mathilde…
Sur le plan l’artère principale, tracée en jaune, prenant tout au long de son parcours les noms de rue Saint-Patrice, rue Saint-Malo, rue Saint Martin, rue Saint-Jean, mais que les « Bajocasses » de l’époque appelaient simplement la Grand-Rue…
Les flèches indiquent les principaux endroits de ma prime jeunesse…
La grand-rue, très commerçante, relativement étroite, trop de voitures, trop de monde, m’empêche de prendre quelques foto cool en cette fin d’après-midi du 31 décembre 2021…
Je m’en tiens aux principales maisons à colombage, les plus connues de Bayeux, dont deux sises sur la Grand-rue…
La première au coin de la rue Franche, rue de mon école…
La seconde au coin de la rue des Cuisiniers…
Si aujourd’hui un caviste tient boutique, jadis un magasin de jouets faisait figure de caverne d’Alibaba pour les gamins de la cité… Souvent je restais le nez collé à sa vitrine…
La troisième devant la cathédrale…
Sur toutes ces maisons nous pouvons admirer les encorbellements en bois… Non loin de cette dernière, ce grand pignon et cet encorbellement de pierre attire non attention…
Revenons au plan, la flèche bleue sur la Grand-Rue désigne le lieu de ma naissance, chez mon oncle Guido Boaretto qui tenait sa boutique très chic et son atelier de tailleur à la place du magasin actuel…
Ma petite cousine, Véro, conserve soigneusement l’enseigne de l’époque…
Je vis le jour dans une des chambres dont les fenêtres donnent sur la façade de cet hôtel particulier du XVIème siècle…
Sans fausse honte, quand même plus sympa de naitre dans hôtel particulier du XVIème siècle plutôt que dans une anonyme chambre d’hôpital ou de maternité, non ?… Bayeux, première ville de France libérée après le débarquement ne subit aucun bombardement, ceci expliquant les nombreux hôtels particuliers encore debout à ce jour…
Le porche permet d’accéder à la cour intérieure, aujourd’hui passage public…
Sur la cour, la porte et les deux fenêtres du rez-de-chaussée donnaient dans l’atelier du « Zio Guido » (zio = tonton) où coupaient, taillaient et cousaient 3 à 4 tailleurs et couturiers…
Sur le haut du bâtiment à droite, encore un bel encorbellement de pierre…
Cette saillie portant à faux au nu du mur, formée par plusieurs pierres sculptées posées l’une sur l’autre et plus saillantes les unes des autres m’impressionnent plus que les encorbellements de bois…
Boutique en façade, atelier à l’intérieur de la cour, puis ce petit porche permettant de gravir les marches donnant aux appartements privés de mon oncle Guido et ma tante Gina… Aujourd’hui plein de boites à lettres à l’entrée, les appartements doivent être subdivisés…
Retournant sur la Grand-rue, depuis le magasin du tonton nous pouvions voir le début de la rue des Ursulines à gauche…
Rue d’où l’on aperçoit les flèches de la cathédrale…
Au numéro 11 de la rue, la maison où j’habitai jusqu’à l’âge de douze ans, avec son grand portail, un de mes endroits privilégiés d’escalade…
Flèche rouge sur le plan…
Un hôtel particulier du XVIIème , je n’avais nulle conscience à l’époque de demeurer dans une sorte de monument historique…
Nous occupions tout le premier étage du fond avec une immense entrée au rez de chaussée, protégée d’un petit toit en zinc, donnant sur un grand escalier…
Devant, notre cour de récréation personnelle avec mes deux frangins, pas de quoi se plaindre…
Foto souvenir, dans la cour en premier communiant, vêtu d’un super costard sur mesure taillé par mon oncle Guido…
Sur le palier de la porte avec mon Papa, Alberto, 40 ans, et mon petit frère Sergio 7 ans… Porte alors en chêne massif aujourd’hui remplacée par une sorte de porte à meneau…
Descendons la rue de la Juridiction, perpendiculaire à la rue des Ursulines pour rejoindre la cathédrale, flèche verte sur le plan, autre lieu marquant de mon enfance…
Nous y voilà, la tour centrale de la cathédrale…
Au pied de l’escalier, latéral à la cathédrale, l’arbre de la Liberté sur la place éponyme, platane de 33 mètres de hauteur, planté en 1797…
Cet arbre magnifique bénéficie aujourd’hui du titre de monument naturel, à contempler plutôt en été…
La façade avant de la cathédrale et ses deux flèches, très peu de recul pour prendre la foto ce qui explique les distorsions de perspective…
J’ai galéré pour prendre plusieurs foto à main levée et les fusionner pour un panorama vertical, bien gêné par la sphère brillante en plein milieu où pénétraient sans arrêt les touristes…
Pénétrons dans la cathédrale…
Particularité avec un premier niveau roman du XIIème siècle et un second gothique du XIIIème siècle…
Pour en savoir plus, voilà son histoire :
« Il y avait à cet emplacement une antique cathédrale mérovingienne qui fut détruite par les vikings en 891. Après la conversion de leur chef Rollon, la cathédrale fut reconstruite. Elle fut à nouveau détruite dans le terrible incendie qui ravagea le centre-ville de Bayeux en 1046. Hugues de Bayeux entreprit dès 1047 la reconstruction de la cathédrale. Odon de Conteville, frère de Guillaume le Conquérant, acheva l’œuvre en 1077. Il subsiste de cette époque les parties basses des tours occidentales et la crypte qui s’étend sous une grande partie du sanctuaire et du chœur. Après un nouvel incendie en 1105, l’édifice est de nouveau reconstruit. Ces travaux concerneront toute la cathédrale et s’achèveront au 15ème siècle. Il y a d’abord dès 1120 la reprise des parties basses de la nef, en style roman, avec ses grandes arcades en plein cintre. À partir de 1180, les bas-côtés de la nef sont construits dans le style gothique. Les chapelles latérales seront quant à elles construites un siècle plus tard entre les anciens contreforts. De 1220 à 1240, c’est la construction du chœur gothique, ensemble tout à fait remarquable avec ses élévations sur trois niveaux. De 1245 à 1255, on édifie les parties hautes de la nef mais cette fois sur deux niveaux seulement. Le triforium n’existe plus et les baies supérieures prennent des dimensions exceptionnelles. Les cinq porches de la façade ouest sont construits au 13ème siècle. Le transept est achevé à la fin du 14ème siècle et la tour centrale sera édifiée entre 1477 et 1478 dans le style gothique flamboyant. L’édifice a fait l’objet de restaurations successives au 19ème siècle. Le haut de la tour centrale avec son dôme et la petite flèche a été reconstruit sous le second Empire. Les décorations intérieures et extérieures sont particulièrement riches et méritent une visite approfondie. À noter que la célèbre « Tapisserie de Bayeux » fut réalisée pour décorer la nef de la cathédrale, à l’occasion de sa dédicace en 1077. »
Cathédrale lieu marquant de mon enfance…
Pourquoi ?
Je faisais partie intégrante des petits chanteurs vêtu de mon aube blanche et ma croix de bois sur la poitrine… Donc obligatoirement mobilisé à la grand-messe tous les dimanches, ainsi qu’à toutes les cérémonies religieuses chantées en présence de l’évêque et tous les notables religieux et autres calotins que comptait le diocèse…
Ajouté à cela des répétitions plusieurs fois par semaine et mon planning ecclésiastique n’était que trop rempli…. Je me souviens même du nom du chef de chœur, l’abbé Cornu…
Un petit zoom, en fin d’après-midi du 31/12/2022 ce qui explique l’éclairage intérieur tendant sur l’orange…
Je suis revenu 2 ou 3 jours après pour prendre ce même endroit avec la lumière naturelle…
Cette cathédrale compte parmi les plus claires de France grâce aux nombreux vitraux transparents éclairant la nef…
Malgré tout, les bas-côtés restent « allumés » même en plein jour…
Certains vitraux transparents permettent d’apercevoir les flèches de la cathédrale…
En parcourant l’abside, au fond de la cathédrale, nous admirons les vitraux des cinq « chapelles rayonnantes », deux chapelles aux vitraux transparents…
Mais toujours cet éclairage oranger pas du meilleur gout à mon humble avis, je préférerais la vraie couleur de la pierre…
Les autres chapelles aux vitraux colorés…
Dans une partie en restauration on peut admirer pierres et vitraux sans cet éclairage oranger tapageur…
Depuis le transept nous voyons les chapelles latérales ajoutées au XIIIème et XIVème siècle
Toujours depuis le transept regardant la nef centrale, deux particularités à remarquer…
La chaire servant aux prédications, réalisée en 1786, à la cuve néo-classique et l’abat-voix d’inspiration baroque…J’y vis et entendis prêcher évêques et autres chanoines…
Au-dessus de l’entrée, surmontant le narthex, l’orgue accompagnant tous nos Kyrie, Gloria, Sanctus et autres chants latins…
« L’orgue est présent dès le 13ème siècle dans la cathédrale, détruit par les Huguenots en 1562. En 1597, un orgue de style classique est construit par le facteur Roch D’ARGILLIERES. En 1712, un relevage est effectué par Marin INGOULT, de Caen. L’instrument traverse le XVIIIe siècle et la Révolution sans grands dommages et reprend du service dès le retour d’un évêque.
L’état de cet orgue se dégrade au début du 19ème siècle et en 1838 l’évêque demande des devis de restauration. Après de nombreuses péripéties et conflits avec les facteurs et menuisiers un contrat est enfin passé avec le célèbre facteur parisien Aristide CAVAILLÉ-COLL, pour un instrument de 43 jeux sur 3 claviers et pédalier, dans le buffet historique. L’orgue sera achevé dans sa disposition actuelle en juillet 1862. »
Je termine cette balade nostalgique des lieux de mon enfance par une dernière vue de la tour centrale de la cathédrale illuminée et toute fin d’après-midi…
Claudio Boaretto
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