L’ÉGLISE ROMANE ISOLÉE DE SAINT THOMAS
Posté par Claudio Boaretto le 24 septembre 2023
L’année passée, au mois de mai 2022, je publiais trois billets illustrés sur les trois églises romanes isolées sur le territoire de Hautefage la Tour, petite commune rurale où nous résidons, …
Si les extérieurs de ces églises demeurent remarquables et possèdent un charme certain, les portes fermées à double tour en interdisent l’entrée laissant planer le mystère provoquant une légère frustration au « fotograf » curieux de découvrir l’intérieur de ces lieux séculaires…
En ce mois de septembre 2023, lors des journées du patrimoine, je tentais ma chance refaisant le tour de ces trois romanes et constatais les portails ouverts sur deux d’entre-elles…
Youpi !… Je commençais par la plus petite et la plus isolée, Saint Thomas…
Petite église romane typique construite au XIIème siècle, remaniée au XVIIème et XVIIIème siècles…
Mais cette fois, au lieu de me heurter comme la dernière fois à la porte close,
Celle-ci s’ouvrait grandement pour mon grand plaisir et je remerciais intérieurement l’employé ou l’élu municipal courageux venu ouvrir ces églises de bon matin…
Évidemment, je suis absolument seul en cette église isolé, perdue en pleine nature…
Les doigts d’une seule main suffiront ce jour à compter les autres éventuels visiteurs…
Pénétrons dans cette minuscule église au décor spartiate et dirigeons-nous droit vers le chœur…
Sur notre parcours, deux bancs cahotants sur les dalles fêlées et brisées, censées accueillir les éventuels « fidèles »…
Alors, quand j’emploie l’adjectif spartiate, je reste bien en dessous de la réalité…
La grille en fer forgé protégeant le chœur demeure en excellent état…
En revanche nous ne connaissons pas la signification des deux lettres, le B et le N, forgées sur les portes…
Serait-ce les initiales d’un prêtre ou d’un prélat local?…
Si quelqu’un connait la réponse qu’il nous en informe dans les commentaires…
L’autel semble résister au temps…
Qui sait depuis quelle époque calice et hosties désertèrent ce tabernacle…
Nous nous retournons pour contempler l’église depuis le chœur, pas de superflu mais l’essentiel subsiste…
Un meuble défraichi appuyé sur le mur de l’aile nord…
Les couleurs passées du mobilier comme du mur donne un charme « urbex » à cette « foto »…
En face, la chaire de prédication accolée au mur de l’aile sud, repeinte par les chiures de pigeons…
En 2016 des travaux furent effectués, entretien de la toiture, mise hors d’eau. Je suppose que lors de ces travaux fut posé le grillage sur les ouvertures pour interdire l’intrusion des oiseaux mais trop tard pour empêcher les nuisances déjà commises par ces volatiles…
L’escalier de la chaire aux marches détruites et l’abat-voix dont il ne subsiste qu’un cercle de ferraille valent « fotografiquement » le détour…
Sur ce cliché nous apercevons une des fenêtres désormais protégées par le grillage ainsi que le chemin de croix s’étendant sur les deux flancs intérieurs de l’église…
Un des cadres du chemin de croix, le moins dégradé…
Celui-ci, comme tous les autres, à la croix perdue…
Quand à ce dernier, ne subsiste que le cadre…
Nous ne pouvions pas rater le confessionnal, le « fotograf » se régale à mémoriser dans son boitier les témoignages de ce passé local religieux…
À gauche, sur le flanc nord, juste avant le chœur, l’entrée je suppose de la sacristie ou peut-être si nous remontons dix siècles en arrière le logement du curé de l’église…
Petite bâtisse accolée à l’église, bien visible depuis l’extérieur…
L’intérieur bien sombre malgré ses deux ouvertures, avec son côté « urbex »…
N’oublions pas le bénitier à l’entrée, à côté de l’escalier permettant la montée sur la mezzanine, escalier que nous nous garderons bien d’emprunter…
Un dernier regard sur cet intérieur que je shootais avec un grand plaisir…
Terminons par cette splendide vue de l’église isolée de Saint Thomas entourée de son mur d’enceinte, prise depuis le haut du coteau…
Claudio Boaretto
Cette visite intérieure de Saint Thomas est à la fois sublime et triste. Sublime par la beauté, justesse, clarté de tes clichés.
Triste par l’état de délabrement de sont mobilier et structure.
Certes il faut des moyens financiers, c’est un lieu isolé et comme tu le signale les visites sont « nulles ».
Il est dommage de laisser ce petit patrimoine mourir à petit feux, mais chacun fait avec.
Merci Claudio pour ce partage.
Tu as vraisemblablement raison, Thierry, mais à mon goût le bâtiment, le mobilier soit chaire autel confessional dans leur état actuel dégage une étrange beauté… J’ai ressenti une curieuse émotion en fotografiant l’intérieur de cette petite église romane…
J’aimerais qu’elle reste en l’état…
Le « meuble » contre le mur semble être une ancienne table d’autel. Comme l’autel principal, elle porte la trace creusée de l’emplacement de la pierre d’autel, que l’on ôtait lors de la désacralisation des lieux de culte. On tâche de sauver toujours la ‘pierre’, qui est en fait le seul élément sacré, je crois, du bâtiment. La pierre peut constituer le dessus de la table d’autel en soi, ou être une simple petite pierre taillée enchâssée dans le dessus en bois, ou autre. Les spécialistes me contrediront, ou me complèteront, je suis loin d’en être une (spécialiste) !
Très joli reportage.
Il me semble qu’un tel bâtiment pourrait être restauré a minima (travaux et frais), en laissant beaucoup de « vieux », après sécurité, nettoyage, et réfections « en douceur », en plusieurs étapes, et sans vouloir le transformer en cabane bien léchée …
Ce rond de muret avec sa mini-forêt et sa chapelle, posé dans la campagne, délicieuse vision. Et merci pour la photo encore.
Bonsoir Shareun et merci pour ton commentaire…
Je m’interrogeais sur l’utilité du meuble contre le mur et tu m’apportes la réponse…
Tu as raison, c’est un ancien autel remplacé vraisemblablement par celui en place actuellement…
Je connaissais pas la pierre enchâssée seul élément sacré de l’autel, sauvegardée lors de la désacralisation…
Tu parfais mes connaissances des rites catholique que je croyais pointues pour les avoir vécus, pour ne pas dire subis, durant ma jeunesse et mon adolescence, éducation dont je me suis émancipé…
Pour ce qui est de la restauration, en 2016 les travaux d’entretien et de mise hors d’eau dont je parle dans le billet coutèrent 14 000 €, lourd budget pour la petite commune de Hautefage et ses 900 habitants, aidée je suppose par le département du Lot & Garonne… L’aide de l’Etat s’est bornée à 2 000€, pingre l’Etat !… Saluons déjà l’effort des collectivités locales…
Sinon, je suis content aussi de la foto prise depuis le haut du coteau…
Emouvant vraiment
Merci à vous
Je le pense aussi Riquois, bien qu’aujourd’hui je sois un anticlérical forcené, j’ai ressenti une certaine émotion durant ce reportage fotografic…
On ne se débarrasse pas facilement de son éducation judéo-chrétienne…
Adorable chapelle romane avec son joli « clocher mur ». Lieu magnifique !
C’est vrai que le délabrement intérieur est bien triste mais induit une certaine beauté. Heureusement que cette petite chapelle a été mise hors d’eau. Si pour cela une grosse somme a été dépensée, j’ose espérer qu’un jour ou l’autre l’intérieur sera lui aussi un peu restauré.
Encore une fois un très beau reportage vraiment chargé d’une grande émotion. Merci.
Merci Pierrette pour ce commentaire…
De la beauté et de l’émotion, bien résumé…
C’est quand l’objet a perdu ses plumes, ses couleurs, la vie, qu’éclatent le mérite du photographe et le talent du commentateur.
Le « petit » patrimoine est la trace partout visible sans exclusive de notre histoire. La toiture est bonne, le bâtiment est sauvé. Au-delà, la notoriété est nécessaire tant il y a péril en les demeures. Qui sait si ces quelques photos attireront le regard d’un mécène ou d’un décideur sensibilisé !
Le hasard parfois…
Merci.
Rémy
Merci Rémy pour ce commentaire…
Ce « petit patrimoine » est quand-même pris en compte puisque les collectivités locales du coin ont déjà mis la main à la poche ainsi que l’Etat dans une trop moindre part, c’est là que le bât blesse…
Alors espèrer le regard d’un mécène ou d’un décideur sensibilisé, pourquoi pas ?