VISITE DU MUSÉE DE GAJAC À VILLENEUVE SUR LOT
Posté par Claudio Boaretto le 6 novembre 2023
Ayant écumé pendant une petite quinzaine d’années tous les musées et expositions de Venise, véritable tonneau des danaïdes en la matière, je visitais enfin le musée de Gajac à Villeneuve sur Lot, première ville moyenne à 10 kilomètres de chez nous…
Curieux, je cherchais d’abord quelques infos sur le Net :
« Situé en bordure du Lot, le Musée de Gajac inauguré en 1999 occupe le site d’un ancien Moulin. Dans ses espaces permanents sont présentés quelques fleurons des collections, L’enfant de troupe par Eva Gonzales ou encore La Comtesse Maison par Hippolyte Flandrin, mais surtout une exceptionnelle série de gravures sur Rome par Jean Baptiste Piranèse. Les autres espaces accueillent toute l’année des expositions d’art contemporain »
Je m’attendais à découvrir un vaste espace muséographique, mais je constatais que le musée se réduisait à cinq ou six salles, la plus grande partie du moulin étant consacrée au « Pôle mémoire », ainsi désignées les archives municipales de la ville, inaccessible au public lambda…
Par malchance, le jour de notre visite nous nous heurtions à la fermeture de la moitié des salles, closes pour préparation d’une exposition…
Sur le parvis du musée, une imposante sculpture composée de poutres IPN plus ou moins tordues…
Œuvre de Jean-Pierre Rives, ancien rugbyman célèbre reconverti en artiste-peintre et sculpteur…
Il est vrai que nous sommes dans le pays du rugby…
Nous pénétrons dans le musée à l’affut des œuvres exposées…
Une sculpture bois et acier, grandeur d’homme intitulée « Oppression » nous accueille à l’entrée…
De José Subira Puig sculpteur d’origine espagnole (1925-2015), chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres…
« En 1962, José Subira Puig utilise pour la 1ère fois des douves de tonneaux pour concevoir ses œuvres. Cette pratique va l’amener à utiliser presque exclusivement le bois, notamment le bois tourné, puis des pièces plus importantes qu’il ajuste et visse ensemble »…
Sculpture sans titre en bronze de May Zao (1930-1972) artiste d’origine chinoise…
« D’emblée non-figuratives, « les formes quasi charnelles, et parfois presque descriptives » de œuvres épurées de May Zao se caractérisent par un « équilibre des masses sculptées entre elles et avec l’espace par lequel elles se laissent pénétrer, transpercer, ou même séparer ». « C’est l’aimable des corps, le velours des corps, la fragilité des corps qu’elle conduit à l’abstraction »
« La Femme de Rude », peinture acrylique et sable de Marc-Antoine Bissière dit Louttre.B (1926-2012)…
« Peintre et graveur français, dont l’œuvre d’abord non figurative se développe à partir de 1962 dans le sens d’une « représentation allusive » tout à la fois poétique et humoristique. »…
« Vue du Port d’Alger » huile sur toile de Maria Manton (1910-2003) peintre non figurative française de la nouvelles École de Paris…
« Chez Maria Manton, couleurs, lumières et motifs évoquent indistinctement, plus que des paysages naturels, des éléments architecturaux ou des motifs de la Méditerranée, silhouettes de barques ou de palais, formes d’arcades, colorations de façades ou de jardins. À l’opposé de toute description anecdotique, l’allusion sensible qu’y fait Maria Manton à travers des tons chauds et des lignes nerveuses est plutôt celle « d’une atmosphère, d’une sensation de fraîcheur ou de chaleur qui devient comme palpable pour le spectateur »
« Le Paquebot » huile sur toile de la même artiste…
« Paysage clos », tapisserie de Pierre Lèbe (1929-2008), artiste local protéiforme, céramique, grès ou porcelaine, sculpture, peinture, dessin et tapisserie…
« L’influence des artistes japonais, qu’il admirait, marquera son style à la fois sensible et austère.
Ses tapisseries et dessins associent, dans des rythmes mesurés, des formes abstraites – toujours rigoureuses et épurées – et des couleurs volontairement limitées à une gamme de blancs et de tons sourds. Couleurs apparentées à celles de ses céramiques»
« Mexico », huile sur toile de Ida Karskaya (1905-1990), peintre et collagiste française d’origine russe, qui s’inscrit dans la mouvance de la Nouvelle École de Paris. Elle est aussi un des acteurs du courant de l’art informel…
« La couture », huile sur toile d’André Crochepierre (1860-1937) artiste peintre le plus représenté dans ce musée, né et décédé à Villeneuve sur Lot…
« Peintre réaliste académique qui, en décalage face aux mouvements impressionniste, puis cubiste, postimpressionniste ou fauviste de son temps, devint le portraitiste de la bourgeoisie villeneuvoise. Il se spécialisa aussi dans des scènes de genre. » …
« Rêverie » huile sur toile 1909, d’André Crochepierre…
Du même auteur, « Autoportrait au foulard rouge » huile sur toile 1931…
Un dernier Crochepierre, « Portrait du grand-père Albre » et nous cernerons l’artiste…
Autre auteur aussi bien représenté dans ce musée,
« Chevalet de mine en Lorraine, 1889 » de Maurice Réaier-Dumas (1860-1928), peintre et affichiste français, proche, entre autres, du mouvement de l’Art nouveau…
Un peu de bio :
« Issu d’une famille de la haute bourgeoisie, il passe une partie de son enfance et de son adolescence à Villeneuve-sur-Lot.
En 1879, il entre comme élève à l’École des beaux-arts de Paris où il reçoit l’enseignement du peintre Jean-Léon Gérôme.
Dès cette époque, Maurice Réalier-Dumas fréquente la Maison Fournaise, un restaurant-guinguette installé à Chatou. Maurice y croise Auguste Renoir et bon nombre d’impressionnistes mais surtout Louise Alphonsine Papillon, la fille d’Alphonse Fournaise, le propriétaire du restaurant. Alphonsine Papillon devient rapidement un sujet récurrent dans les œuvres de Renoir puisqu’il est admis qu’elle soit représentée dans le célèbre tableau, Le Déjeuner des canotiers.
Maurice Réalier-Dumas a peint un portrait d’Alphonsine Fournaise, intitulé Alphonsine à l’ombrelle de 1896 (collection particulière). Ce portrait illustre le lien intime qui pouvait existé entre elle et lui.
Un square de Chatou porte le nom du peintre » …
« Atelier d’artisan » huile sur toile…
« En 1911, il réalise une grande peinture murale destinée à la nef de l’église Sainte-Catherine de Villeneuve-sur-Lot : intitulée la Théorie des saints — il y en a 66 —, qu’il achève en 1920. »
« Portrait d’homme âgé » toujours du même auteur…
« La fillette au Kimono », huile sur toile de Gabriel-Antoine Barlangue (1874-1956) dessinateur, graveur, illustrateur et peintre français. Natif de Villeneuve-sur-Lot comme de nombreux artistes exposés dans ces lieux…
Comme Maurice Réaier-Dumas il participe aux peintures de l’église Sainte-Catherine de Villeneuve-sur-Lot. Dans le chœur il réalise celle du cul-de-four (voûte en forme de demi-coupole)…
« La Contrefleur » (figure de jeune fille) sculpture ronde-bosse en bois de chêne de René Iché (1897-1984), sculpteur français.
« Figure de l’engagement dans les années 1920-1930, il est membre de la Résistance dès l’été 1940, médaille de la Résistance française, Croix de guerre. considéré comme l’un des plus remarquables représentants de la sculpture moderne française, puis, après-guerre, du mouvement de la Figuration européenne. » …
« La Comtesse Maison, 1852 » huile sur toile de Hippolyte Flandrin (1809-1864), peintre français… Peinture considérée comme un fleuron du musée, comme l’enfant de troupe de Eva Gonzalès…
« Hippolyte Flandrin est l’élève de Jean-Auguste-Dominique Ingres. Son travail est représentatif du mouvement néo-classique. Après avoir obtenu le premier grand prix de Rome de peinture en 1832, il part pour la villa Médicis à Rome, en compagnie de Claudius Lavergne (1815-1887). Il pratique d’abord la peinture d’histoire, avant de se tourner vers la peinture religieuse, dont il est avec Alphonse Le Hénaff un des rénovateurs de ce siècle »…
« Enfant de Troupe », huile sur toile de Eva Gonzalès (1849-1883)
« Sur demande de Manet, Eva Gonzalès est admise au Salon de 1870 et présente L’Enfant de troupe, où se fait sentir l’influence du Joueur de fifre d’Édouard Manet. Au même Salon, Manet présente le Portrait d’Eva Gonzalès qu’il vient d’achever, où elle est représentée assise peignant une nature morte. Elle expose également aux éditions du Salon de Paris de 1872, 1874, 1876, de 1878 à 1880 puis de 1882 à 1883 »
« Figure debout », sculpture bronze de Marcel Gimond (1894-1961), sculpteur français…
« De 1946 à 1960, il dirige un atelier de l’École des beaux-arts de Paris.
Marcel Gimond est connu pour ses bustes de personnalités politiques et artistiques. Il est le sculpteur officiel du président de la République Vincent Auriol. On lui doit également deux bas-reliefs situés dans le hall du journal L’Humanité, en hommage à Marcel Cachin et Gabriel Péri.
Grand prix national des arts en 1957, il est considéré comme l’un des derniers grands portraitistes du XXème siècle »
« Le bain des Brahmides », huile sur toile de Constant Georges Gasté (1869-1910), peintre orientaliste et photographe français…
« Si son tempérament sauvage et sa vie d’exilé l’ont éloigné des courants artistiques de son époque, son œuvre picturale reflète sa passion de la lumière et sa recherche constante de l’émotion et de la vérité dans ses portraits et ses scènes de la vie quotidienne. En cela, il se détache de nombreux orientalistes qui ont pastiché la vie orientale. »
Après ce tour d’horizon non exhaustif des différentes salles que nous parcourions, nous visitions la dernière salle exclusivement consacrée à l’exposition temporaire « Oxydation » de Jean-Paul Rive dont nous découvrions une œuvre sur le parvis du musée…
Plusieurs sculptures composées de poutres IPN s’érigent en celle salle…
Elles s’intitulent toutes « IPN », pas de risques de se tromper…
Ma compagne pose près de l’une d’elles pour donner une idée de la dimension des œuvres…
Une affichette (subjective) à la gloire de l’artiste…
De grandes toiles acrylique et métal toutes intitulées « Oxydation » incrémentées d’un numéro… Décidemment l’auteur ne s’est pas cassé la tête pour baptiser ses œuvres…
Oxydation numéro 8, 92 x 145 cm…
Oxydation numéro 7, 114 x 162 cm…
Oxydation numéro 1, 200 x 200 cm…
Une foto de profil pour appréhender le relief du métal collé sur la toile…
Oxydation numéro 2, 200 x 100 cm…
Je vous épargne les autres numéros…
Curiosité assouvie de ce modeste musée, mise à part la série de gravure de Piranèse exposée je suppose dans une des salles fermées temporairement…
Nous quittons les lieux sur un dernier cliché du moulin de Gajac depuis l’autre rive du Lot…
Claudio Boaretto
Merci Claudio pour ce retour…Que de belles créations exposées !!
Bonsoir MariT,
Merci pour ton commentaire et à bientôt…
À voir cher ami, les gravures de Piranese sont les œuvres les plus précieuses
Merci Christine, nous ne manquerons pas d’aller les découvrir une fois prochaine…
Dans les petites villes de province on se laisse parfois surprendre par les artistes régionaux, en bien ou en moins bien mais c’est toujours une occasion d’éveiller notre curiosité. Merci pour ce reportage.
Tout à fait, Mireille…
Bonjour Claudio.
Encore une belle visite, je découvre des œuvres et des artistes, André Crochepierre, Maurice Réaier-Dumas, Jean-Paul Rive avec Oxydation oui …….. mais ses sculptures en IPN pour moi c’est Bof !!!
Merci pour cette visite et de belles tofs.
Bisous à vous deux.
Bonjour Jean-Bernard et merci pour ton commentaire…
J’ai également un certain recul à propos des oeuvres de Jean-Paul Rives, même les « Oxydation » qui me font l’effet de peintures éclabousées sur la toile à laquelle on rajoute un bout de ferraille, avec répétition de la recette en changeant les couleurs… Mais bon, les gouts et les couleurs ça ne se discute pas et je conçois que d’autres puissent aimer…
Seulement comparer à d’autres oeuvres, d’autres peintres qui respectent les règles de l’art ou s’en affranchissent avec talent, que ce soit en figuratif ou en abstrait, le fossé se creuse…
Mais ce n’est que mon avis…
Une très belle visite. Les tableaux d’André Crochepierre sont mes préférées. La scène de la mine de Maurice Réaier-Dumas est d’un réalisme « prenant ».
Pour ce qui est de J-P Rives soit je suis à coté de la plaque avec l’art moderne ou ce n’est vraiment pas ma tasse de thé plutôt de café.
Merci Claudio pour ce sympathique partage.
Merci Thierry pour ton commentaire…
Rives ne m’a pas transcendé non plus…
Je vois que tu es plus attiré par la peinture classique que par l’abstrait…
Je dirais que ça dépend des oeuvres…
Bien à toi mon ami…